20/01/2019
Discours de Monseigneur le Duc d’Anjou lors de la réception du 20 janvier 2019 suivant la Messe célébrée à la mémoire du Roi Louis XVI à la Chapelle Expiatoire
Chers Amis,
Louis XVI, nous réunit une nouvelle fois et, comme toujours, vous êtes nombreux à être fidèles à son souvenir et à ce que représente son assassinat. A travers la mémoire du roi sacrifié à son devoir, vous honorez la royauté française et ce qu’elle incarne et vous montrez aussi le manque que cette mort a produit.
Louis XVI, par sa vie et son action, a révélé combien il était soucieux de ce qu’il devait à la France. Jusqu’à la mort il a pensé à Elle et aux Français. Son Testament en témoigne, une ultime et tragique dernière fois.
Je remercie le Père Pic qui, par son homélie, nous a montré la double nature du roi, à la fois homme avec toutes ses failles et chrétien avec ses certitudes. N’est-ce pas là l’ambiguïté du pouvoir que le règne du Roi Louis XVI traduit ?
Cette convergence entre la société humaine avec ses égoïsmes et la nécessité de garder le cap du Bien commun, est au cœur de la notion de pouvoir politique. Il doit toujours être un service, une fonction pour la collectivité. La royauté française avait réussi cette synthèse, parce qu’elle était à la fois sacrée et profondément pragmatique, assise sur ses lois fondamentales qui lui donnaient une constitution avant même que le mot n’existe. Ainsi la France fut longtemps le modèle des nations.
Au moment où la tête du Roi est tombée, il y eut une rupture dans la vie sociale. Elle a perdu une de ses assises. Elle a perdu la nécessaire transcendance.
Désormais il n’y avait plus de limites au pouvoir et tout devenait permis du moment qu’une loi ou un décret l’autorisait. Nous connaissons le ravage d’une telle approche. Elle est mère de tous les totalitarismes ; elle cautionne les lois contre-nature qui minent la France et nombre d’autres états. Plus profondément, elle entraîne une crise morale tant le fossé se creuse entre la société légale et le pays. Il devient bien difficile de vivre, d’entreprendre, d’éduquer ses enfants, de protéger ses handicapés et ceux qu’au nom de principes abstraits pour lesquels l’homme n’a plus sa place, il faudrait laisser de côté, voire tuer.
Pourtant une société ne peut vivre longtemps, mue par les seules idéologies sans risquer de disparaître livrée notamment aux dangers extérieurs d’ennemis prêts à fondre sur elle dès lors qu’elle n’affirme plus clairement sa souveraineté ; disparaître aussi en ayant perdu conscience de l’avenir ce qui l’entraîne à des mesures mortifères.
Mais une société peut aussi retrouver les voies de son destin. Depuis plusieurs années, nous voyons en France, un désir ardent de renouer avec les traditions et le concret. Les jeunes notamment sont les acteurs de ce renouveau et cela dans tous les secteurs, privés ou publics, d’entrepreneurs, d’artisans comme de ruraux. Cela repose sur un sens du bien commun retrouvé et sur la nécessité de remettre l’homme comme échelle de toute chose. Héritage de l’antiquité gréco-romaine d’une part, héritage chrétien d’autre part.
Les fondamentaux existent donc toujours comme au temps de Louis XVI. Il convient désormais qu’ils puissent s’épanouir. Cela ne se fera que si chacun d’entre nous, dans nos familles, dans nos activités, dans nos pensées, dans nos façons de faire, nous prenons la société à bras le corps. Il n’y a pas de fatalisme dès lors qu’une espérance guide les hommes.
Il ne faut pas désespérer. Bien au contraire. La Fille aînée de l’Eglise, la patrie de Saint Louis, de Sainte Jeanne d’Arc et de tant et tant de saints et saintes, doit continuer à montrer l’exemple. Cela est nécessaire pour elle-même comme pour l’Europe qui doit, elle aussi, retrouver ses racines si elle veut tenir son rang face à la mondialisation. Ce n’est pas en abdiquant sa souveraineté que l’on peut se faire respecter des autres, mais, au contraire en affirmant, ce que l’on est.
Tel est le message de la royauté française. Vrai hier au temps de Louis XVI. Toujours vrai aujourd’hui.
Merci de m’avoir donné l’occasion de le rappeler. Ce retour sur l’essentiel est ce que je souhaite à vous tous, à vos familles et à la France pour la nouvelle année.
Louis de Bourbon,
Duc d’Anjou.
20:44 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : louis xx, 21 janvier, louis xvi
22/01/2017
Allocution de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, samedi 21 janvier
Réception à la suite de la Messe pour le Roi Louis XVI
Saint-Denis
Samedi 21 janvier 2017
Allocution de Monseigneur le Prince Louis de Bourbon, duc d’Anjou
Madame la Surintendante,
Messieurs les abbés,
Mesdames et Messieurs les Elus
Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs,
Chers Amis,
Une nouvelle fois nous nous retrouvons, la Princesse et moi-même parmi vous, à l’occasion de l’anniversaire de la mort du roi Louis XVI que nous avons, tous, à coeur de commémorer chaque année.
Cette cérémonie est bien plus qu’un hommage rendu au roi martyr. Pouvoir nous réunir aujourd’hui dans ce haut-lieu qu’est l’ancienne abbatiale devenue Maison d’éducation de la Légion d’Honneur, donne un relief tout particulier à cette rencontre maintenant traditionnelle entre la France et son histoire.
Ainsi, qu’il me soit permis en tout premier lieu, de remercier les autorités . J’adresse toute ma gratitude aux autorités religieuses, à son excellence l’Evêque de Seine-Saint-Denis et au Recteur de la Basilique qui ont autorisé le Mémorial de France à faire célébrer cette messe dont le roi Louis XVIII avait souhaité qu’elle soit perpétuelle. Comme chef de Maison j’apprécie que cette célébration n’ait jamais été remise en cause. Je félicite le Mémorial de France à Saint-Denys d’avoir perpétué cette cérémonie, depuis un peu plus d’un siècle maintenant, quand elle est devenue privée. Après mon grand-père, après mon père, je suis très heureux de pouvoir régulièrement rappeler l’intérêt que porte le successeur légitime des Rois de France au maintien de ce devoir de mémoire et de piété vis-à-vis du roi martyr.
J’adresse à Monsieur le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur des remerciements tout particuliers, à travers vous Madame la Surintendante qu’il a chargé de le représenter. Il a permis pour cet évènement historique et commémoratif, que l’ensemble de l’ancienne abbatiale retrouve son unité. L’église et les bâtiments de l’abbaye réunis. Pour un moment, l’histoire et le présent se retrouvent. J’y vois plus qu’un symbole dans ce lieu voué désormais au présent puisqu’il est un des plus prestigieux établissements d’enseignement de France. Avec les jeunes filles qui y suivent leurs études, la Maison d’éducation de la Légion d’Honneur poursuit l’oeuvre de transmission du savoir. Transmission si nécessaire puisqu’elle donne à chaque génération les fondements non seulement des connaissances mais aussi ceux du devoir et des valeurs qu’incarne le premier Ordre de la nation.
Etre ici en ce 21 janvier 2017, permet donc à la fois de se souvenir tout en pensant à l’avenir. En ce sens histoire et éducation sont intimement liées et j’aime à le dire dans cette institution où ces mots prennent tout leur sens. Former et éduquer n’est-ce pas le devoir auquel tous les parents sont attachés, comme la Princesse et moi-même, nous le sommes pour nos trois enfants. L’héritage et la transmission donnent les bases solides sur lesquelles l’avenir peut se construire. Non pas un avenir d’utopies et d’idéalisme, mais un avenir ancré dans le réel et alimenté par les racines de la tradition. Toute famille désire léguer à ses enfants un héritage moral et matériel, vivant, travaillé, amélioré. Quant aux enfants ils sont fiers de leurs parents et du travail accompli par eux. Voilà ce qui fait une société saine et unie, et pleine d’espérance pour l’avenir.
Les perspectives d’un avenir meilleur demeurent la première préoccupation des parents et des éducateurs. Ainsi il ne faut pas avoir de nostalgie pour le passé, mais chaque jour, se demander comment avec l’héritage reçu, comment avec les racines qui sont les nôtres, nous pouvons écrire de nouvelles pages à l’histoire de France et apporter notre pierre à l’édifice soit pour bâtir, soit pour consolider, soit pour supporter les périodes difficiles.
Louis XVI dans son Testament appelle à cet espoir renouvelé. Son exemple doit nous aider à nous surpasser.
Voilà ce que je voulais vous transmettre en ce début d’année, avec les voeux que la Princesse et moi-même pouvons adresser à vous tous, à vos familles et à tous les éducateurs.
Puisse Saint Louis qui repose avec tous les rois dans cette nécropole continuer à veiller sur la France pour qu’elle demeure fidèle aux promesses de son baptême et aux valeurs de justice et de paix qui ont fait d’elle, au long des siècles, un modèle pour les nations.
Merci de m’avoir écouté.
Louis, duc d’Anjou
12:41 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 21 janvier, louis xx, paris
25/01/2016
Cérémonie à la mémoire du roi Louis XVI
Paris Dimanche 24 janvier 2016
Chers Amis,
Nous voici réunis pour le 223ème anniversaire de l’assassinat du Roi Louis XVI au lendemain d’un procès dont le verdict était décidé d’avance. La France traversait alors des jours dramatiques et cette mort du monarque allait, malheureusement, être la première d’une longue liste.
Mais il me semble que se réunir plus de deux siècles après les évènements n’est pas anodin. Les exemples ne sont pas choses courantes. Ils le sont d’autant moins que cette Messe à laquelle nous venons d’assister, et pour laquelle je remercie les desservants, est loin d’être unique. Ce sont, en fait, des dizaines de Messes qui sont célébrées autour du 21 janvier. Cela dans toute la France et même à l’étranger (puisque la Belgique, la Suisse, les USA s’honorent de cérémonies d’hommage au Roi martyr). Ces cérémonies sont importantes et leur sens dépasse de beaucoup ce que peuvent être des commémorations. Seule la mort du Roi amène, chaque année, cet évènement à se renouveler. Les générations passent et cela continue. C’est au sens propre un évènement national et il n’est pas étonnant que, chaque année, alors que les médias ne sont pas très ouverts à la monarchie, il fasse l’objet de séquences à la télévision comme à la radio et d’articles dans la presse papier ou numérique.
Cela donne une autre dimension à cet acte. Nous ne commémorons pas seulement un évènement tragique. La mort du Roi est d’une autre nature.
Elle atteint, au plus profond, chacun d’entre nous, chacun d’entre vous. Non seulement parce que, comme je le disais en introduction, la justice a été sacrifiée aux passions humaines et partisanes, mais aussi parce qu’elle est contraire aux fondements mêmes de l’âme française.
Elle est destructrice. Elle a crée un vide dans nos vies, dans nos coeurs et dans nos familles comme dans la société. Ayant perdu son chef naturel, légitime, la société est déboussolée.
Or une société, un Etat, a besoin de savoir, comme un individu, d’où il vient et où il va. Sa quête est philosophique et spirituelle. La société ne peut pas se contenter d’errance, de vérité d’un jour, qui ne l’est plus le lendemain. Au contraire, elle a besoin de certitudes. Les jeunes encore plus. Les voir présents lors des cérémonies à la mémoire de Louis XVI confirme le besoin d’absolu et de vérité. Les jeunes n’aiment pas les idées fausses. S’ils sont prêts à se donner, ce n’est pas pour des chimères. C’est pour du vrai, du juste et du beau. C’est parce qu’ils ont la foi et que dans cette foi, ils puisent leur espérance.
Il faut donc voir l’assassinat du Roi qui nous réunit non pas seulement comme un tragique souvenir que nous serions quelques uns à partager, mais comme un appel à mieux réfléchir à ce que nous souhaitons pour l’avenir. Le Roi n’est pas mort pour rien. Son sacrifice, accepté et offert, a été celui de nombreux français ; son sacrifice, officialisé par un procès, acte dont on attend qu’il fasse ressortir la vérité, a marqué l’entrée de la France dans une spirale de déchristianisation et d’avènement du matérialisme et de l’individualisme dont nous voyons, actuellement, combien elle est dangereuse.
Le fait d’avoir exécuté le monarque a coupé ce lien filial si particulier, si fondamental, qui unissait le Roi et son peuple ; qui unissait le peuple à son histoire. C’est ce lien qu’évoquent ces commémorations annuelles. Ce désir de retrouver la filiation perdue.
Tous les grands pays, de la Grande Bretagne au Japon, de la Russie aux USA, vivent par et pour ce rapport au temps de leur histoire.
La France en s’en privant, continue à se mutiler et à se perdre.
Depuis près de deux siècles, les crises succèdent aux crises, dont certaines sanglantes, les républiques aux républiques. Cela ne change rien au vide dont un ministre, et pas des moindres, s’appuyant sur sa formation de philosophe, a reconnu l’existence il y a quelques mois !
Ainsi commémorer cet assassinat plus de 200 ans après qu’il a été commis, c’est affirmer que l’idée de la Royauté est toujours nécessaire et vivante. En France, le Roi ne meurt jamais selon l’adage. Il se perpétue.
C’est aux Français de lui redonner vie, de retrouver leur racines.
Mais ceci ne peut être simplement formel. La Royauté ce n’est pas une république couronnée. Elle est avant tout un ensemble de valeurs vécues et partagées, puisque ce sont d’elles que vient l’unité entre toutes les composantes du pays. Par le passé, ces valeurs étaient directement issues du baptême chrétien de Clovis. Actuellement elles sont à retrouver, à reconstruire et surtout pas à travestir par des slogans. La France, en renouant avec ce qui l’a animée tout au long de son histoire, pourra alors surmonter difficultés et épreuves et reprendre le cours de sa destinée.
Derrière le rejet de cet assassinat de Louis XVI se profile le besoin de redonner primauté à la vie, de la naissance à la mort ; la nécessité de redonner à la famille tous ses droits notamment dans l’éducation des enfants. Pensons à Louis XVI faisant faire, en prison des pages d’écritures à son fils et lui enseignant la géographie. Quel exemple !
Derrière le rejet de la mort du Roi apparait aussi le désir de retrouver la nécessaire souveraineté garante de toutes les libertés.
Tout cela ne peut rester de vains mots. Ces réalités doivent vivre. Il appartient à nous tous de le faire dans nos métiers, nos professions, dans nos familles et nos activités. Beaucoup de jeunes l’ont compris. Leur voix sans doute ne s’entend pas encore suffisamment, mais comme ils sont l’avenir, les veilleurs qu’ils sont actuellement, deviendront rapidement les acteurs de demain.
Tels sont les voeux que je forme, en ce début d’année, pour vous tous ici présents et pour tous les Français. Pour la France.
Je les accompagne de remerciements. Merci à ceux qui m’ont envoyé leurs voeux ainsi qu’à ma famille ; merci à ceux qui ont participé à la cérémonie d’aujourd’hui, les desservants mais aussi à tous ceux qui ont contribué à son organisation et à sa tenue.
Puisse Saint Louis continuer à veiller sur la France et Saint Martin dont on commémore cette année le 1700ème anniversaire, continuer à l’inspirer. Merci.
Louis, duc d’Anjou
02:36 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : louis xvi, 21 janvier, louis xx, duc d'anjou, paris
22/01/2016
Oraison funèbre de Louis XVI Saint-Denis, jeudi 21 janvier 2016
Voici le texte de l’Eloge funèbre de Sa Majesté le Roi Louis XVI qui a été prononcé ce 21 janvier 2016 par le Révérend Père Augustin Pic o.p. (cf. > ici) au cours de la Sainte Messe de Requiem célébrée à la Basilique-nécropole royale de Saint-Denys.
Nous sommes infiniment reconnaissants au Révérend Père Pic de nous en avoir communiqué le texte avec célérité et de nous avoir très amicalement autorisés à le publier.
Nous souhaitons très vivement que ce non seulement très beau, mais surtout très profond enseignement ne fasse pas l’objet d’une lecture superficielle, mais qu’il soit lu et relu, approfondi et médité, en raison de l’excellence des vérités qu’il transmet avec autant d’élévation et de vigueur.
Orant de Sa Majesté le Roi Louis XVI
dans le déambulatoire de la Basilique royale de Saint-Denys
Oraison funèbre de Louis XVI
Saint-Denis, jeudi 21 janvier 2016
Tantus labor non sit cassus …
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
A mesure que l’ancien fatalisme perdait de sa force, on pensa que les grands malheurs ont pour cause le libre choix des individus. Et, certes, à regarder ce que la raison, l’expérience et la Révélation enseignent, là est bien la vérité. Mais à considérer par ailleurs les complexités de l’Histoire, on ne saurait ignorer que tout ce qui arrive, en bon autant qu’en mauvais, résulte aussi des déterminismes, que produiront toujours en se compénétrant, et le mouvement du temps qui passe et l’enchaînement des effets à leurs causes. De sorte que nous pâtissons aujourd’hui d’erreurs, sottises ou méchancetés de nos Pères où nous n’eûmes aucune part, tout en commettant celles que nos enfants ou neveux à naître auront à supporter demain, sans avoir pu y mettre du leur. Et ce mal, sachons-le, durera dans la chair de péché qui est nôtre jusqu’à la fin du monde. Ainsi, sans le ravage du Palatinat par Louis XIV puis les guerres criminelles de Bonaparte, aurions-nous eu l’horrible Premier conflit mondial ? Mais sans les décisions irréfléchies des vainqueurs de 1918 d’une part, l’affligeante République de Weimar de l’autre, aurions-nous connu le sommet d’ignominie que fut le régime hitlérien ? Ou encore, sans l’oppression des masses ouvrières par une industrialisation anarchique dont s’indignait si justement notre pieux Henri V, aurions-nous eu le Communisme et par lui, autant qu’avec le Nazisme, des forfaits presque impossibles à décrire et à dénombrer ?
Sentir assez cette conspiration des libertés délinquantes et des déterminismes historiques dut être, dès avant la Révolution et pendant, une souffrance bien grande et un impératif de dévouement bien fort pour le chef-né de la France. Chrétiens, c’est là ce que dut vivre, à l’intime et jusqu’à la mort
TRES HAUT, TRES PUISSANT,
TRES EXCELLENT PRINCE
LOUIS XVI
ROI de FRANCE et de NAVARRE.
Lorsque le futur monarque vint au monde, tout en un sens était déjà consommé puisque le mal avait commencé bien avant lui. En un autre, la puissance de la grâce et la part restée bonne en l’homme après le péché d’Adam étant à jamais le ferment de tous les renouveaux, tout demeurait possible. Aussi montrerai-je d’abord quelle conscience eut Louis de la perversité de son siècle, et non seulement de son siècle mais des deux qui l’avaient préparé ; je dirai ensuite et surtout quelle espérance contre toute espérance il garda en Dieu et en ses chers Français, et quelle leçon il laisse ainsi, à tous les cœurs désireux aujourd’hui encore de s’élever eux-mêmes et d’élever autrui.
I
Dans le premier temps de sa réflexion sur la crise révolutionnaire, soit dès 1789, l’abbé Barruel expliqua celle-ci non, comme à partir de 1792, par le fameux triple complot, philosophique, maçonnique et illuministe mais par la seule philosophie du XVIIIe siècle. Loin de s’en tenir là toutefois, c’est ultimement par une décadence du clergé, et déjà bien ancienne, qu’il expliqua ce philosophisme même et son dessein de détruire, ou d’asservir au moins, le Trône et l’Autel.
Remontons plus haut, donc. Des historiens ultérieurs ont assez montré l’ébranlement de la conscience individuelle et collective que produisirent les guerres religieuses du XVIe siècle, guerres dont l’origine fut, avouons-le, dans les scandales de la finissante Eglise médiévale presque autant que dans les erreurs de Luther. Et de là quel désenchantement, cynique et libertaire, habita ces jeunesses « d’après-guerres de religion » qui fleurirent entre 1580 et 1650, et quel sentiment d’une faillite radicale de la Chrétienté, injuste au fond mais vraisemblable à vues seulement humaines, anima tout ce qui prétendit, dès le temps d’Henri IV et de Louis XIII, préparer un avenir meilleur. Et c’est dans les horreurs d’une guerre de Trente Ans, aussi religieuse en son fond qu’au siècle précédent, plus tard encore dans l’interminable querelle de la grâce et dans celle du pur amour, dont le Christianisme sortit durablement ridiculisé aux yeux des mondains qu’il devait convertir, enfin dans l’échec, au tournant de 1700, de la réunion tant attendue des Eglises qui sembla consacrer à jamais la rupture du XVIe siècle et le relativisme religieux, c’est dans ces faits, dis-je, et bien d’autres, que l’incertitude et l’errance des cœurs et des esprits, souvent respirées dès la naissance et absorbées dès le lait maternel, trouvèrent leur irréversible aggravation.
En voici pour symbole, le Régent, d’après l’abbé Proyart, historien contre-révolutionnaire, et contemporain si méconnu, de l’abbé Barruel : « Dans l’emportement de ses passions, écrit-il, il prétendait que la conscience n’était qu’une chimère mais … il en était sans cesse obsédé, et plus cruellement les jours consacrés aux plus saints mystères de la Religion. La monstrueuse affectation qu’il mettait à profaner ces jours … trahissaient visiblement mais ne guérissait pas les frayeurs secrètes dont le retour de ces solennités remplissaient son cœur coupable ». Voyez, donc, chez un seul, ce vertige intérieur de toute une société, chrétienne encore par le fond, mais que l’air du temps pervertit et entraîne presque malgré soi au pire ; voyez l’enchevêtrement des libres décisions mauvaises, et d’un état d’empêchement au bien, où une sorte d’hérédité de la rébellion jetait la conscience française. Comment ne pas penser alors aux paroles de Dieu selon Son Prophète, reprises par Jésus-Christ Lui-même : Je les ai aveuglés pour qu’ils ne voient pas, sinon ils comprendraient et se convertiraient. Mystérieux croisement des choix humains et des dispositions divines.
Quelle exacte perception eut Louis XVI d’un pareil état ? Moraliste, il n’ignora pas la force subversive des passions charnelles lorsqu’elles entendent substituer un ordre temporel humain à celui que Dieu veut. Historien et politique, il sut quels maux les clergés attiédis ou dévoyés et les querelles religieuses valent à tous les royaumes. Sans doute pensa-t-il à ce sujet comme Louis XIV dans ses Mémoires et Réflexions au Grand Dauphin, document dont il remit personnellement le manuscrit au général de Grimoard, en 1785, pour qu’il fût publié : « L’Eglise, disait le grand roi, sans compter ses maux ordinaires, après de longues disputes sur des matières … dont on avouait que la connaissance n’était nécessaire à personne pour le salut, les différents s’augmentant chaque jour avec la chaleur et l’opiniâtreté des esprits, et se mêlant sans cesse à de nouveaux intérêts humains, était enfin ouvertement menacée d’un schisme par des gens d’autant plus dangereux qu’ils pouvaient être très utiles, d’un grand mérite, etc. ».
Bref, quoi qu’il en soit de ses limites ou de ses erreurs, Louis XVI eut conscience du mal, très désolé de l’abaissement moral et spirituel de ses peuples et de la perte de ce qu’on appelait en ce temps-là l’esprit public, c’est-à-dire de tout souci pour le bien commun, temporel et éternel.
II
Formé politiquement et spirituellement, ce prince professait, au moins d’intention et pour l’essentiel, une juste conception de l’humain, une anthropologie chrétienne, et en ce sens, l’homme des Lumières qu’il fut indubitablement n’en demeura pas moins jusqu’à sa fin à l’opposé de ces Lumières, qui réduisaient et réduisent encore aujourd’hui le sommet, que nous sommes, de toute la création visible, à n’être qu’animal et machine, à n’exister que pour la chair et la sensualité.
Ce chrétien, donc – et mûri par l’épreuve – regardait l’homme comme à la fois déterminé par ses contextes dans l’espace et dans le temps, la seule liberté pure et absolue étant Dieu, et libre par nature et sous la grâce. De sorte que ce Fils de saint Louis, ultimement désabusé, ultimement résigné, osons dire même ultimement et intimement usé, garda j’en suis sûr, et emporta dans cette mort qui, nous le souhaitons, le fit monter au ciel, la certitude que la victoire sur tous les déterminismes d’une part et toutes les perversions de l’autre est, de par Dieu, et demeure, une possibilité et une vocation, une grâce et un devoir. Et de nos jours, où plus rebelles sont les libertés et plus oppressants que jamais ces déterminismes, à un point que ni lui ni personne en son temps n’eussent imaginé ou conçu, pareille vérité ne laisse pas de s’imposer à nous avec une force nouvelle.
Dans la tristesse de ses derniers temps, Louis XVI apparaît donc, majestueux et humble, en rien moins qu’en homme et en roi de l’espérance. Si en effet la formule « Le roi ne meurt pas en France » fut, à la veille de la mort, sa dernière profession monarchique, elle exprima aussi sa certitude qu’au fond de nous resteront toujours, tant qu’il y aura une France, l’amour et la nostalgie de celui qui doit l’incarner. Au cœur d’un Français, non, la figure royale ne saurait mourir.
Mais il y a plus. En disculpant le Peuple du sacrilège que fut le régicide, il entrevit la permanence de son Christianisme au-delà du bouleversement ou de la cessation de la Chrétienté. Et le cours même de la Révolution lui donnera raison, car la Terreur, on le sait trop peu, s’explique en partie par la furie que suscita, vigoureuse, la résistance sacerdotale et laïque d’une religion que les naïfs ou les menteurs disaient usée par tant de siècles. Or, pour avoir alors donné si grand nombre de saints et de martyrs, pour avoir opéré par la suite un relèvement spirituel comme celui dont s’honore le XIXe siècle, ne fallait-t-il pas que quelque chose de la Foi fût resté intact dans les entrailles de la Nation ? Et pour avoir suscité récemment encore les protestations que l’on sait, de toute une jeunesse, contre les lois que l’on sait, ne faut-il pas que, par un côté, la France tienne encore et toujours, trop peu mais réellement, aux promesses d’un Baptême qui fut mystérieusement le sien autant que celui de Clovis ? Oui, Louis XVI resta, dans l’insondable chagrin des derniers mois de sa monarchie puis de sa vie, l’homme de l’espérance, et c’est à ce titre, plus qu’à bien d’autres peut-être, qu’il garde un droit, le droit, par-delà plus de deux cents ans, à notre gratitude, à notre vénération et, dans la personne de son successeur, à notre fidélité.
Cédons la péroraison, bien chers Frères, à Mgr Freppel, grand évêque si justement apprécié d’Henri V. Car les paroles vibrantes qu’il prononça en 1873, quelques mois seulement avant l’affaire du drapeau, disent bien, quatre-vingts ans presque jour pour jour après le triste 21 janvier, le fond du cœur de celui que nous commémorons : « Le plus grand des malheurs pour un siècle ou pour un pays, c’est l’abandon ou l’amoindrissement de la vérité. On peut se relever de tout le reste ; on ne se relève jamais du sacrifice des principes. Les caractères peuvent fléchir à des moments donnés et les mœurs publiques recevoir quelque atteinte du vice ou du mauvais exemple mais rien n’est perdu tant que les vraies doctrines restent debout dans leur intégrité. Avec elles, tout se refait tôt ou tard, les hommes et les institutions, parce qu’on est toujours capable de revenir au bien lorsqu’on n’a pas quitté le vrai. Ce qui enlèverait jusqu’à l’espoir même du salut, ce serait la désertion des principes, en dehors desquels il ne se peut rien édifier de solide et de durable. Aussi le plus grand service qu’un homme puisse rendre à ses semblables, aux époques de défaillances ou d’obscurcissement, c’est d’affirmer la vérité sans crainte, alors même qu’on ne l’écouterait pas car c’est un sillon de lumière qu’il ouvre à travers les intelligences, et si sa voix ne parvient pas à dominer les bruits du moment, du moins sera-t-elle recueillie dans l’avenir comme la messagère du salut ». Voilà ce qu’on peut lire dans le Panégyrique de saint Hilaire, du 19 janvier 1873.
Que celui qui fut à sa manière un sillon de lumière et dont la voix reste en quelque sorte la messagère du salut de la France, alors même qu’après le bien on en vient désormais à quitter aussi le vrai, soit pour elle et pour chacun de nous s’il a plu à Dieu de le mettre en cette position, un puissant intercesseur, au côté du saint roi de sa dynastie et sous le manteau de la Vierge de l’Assomption, notre Mère et Patronne à jamais.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
Source : ICI
19:25 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oraison, louis xvi, 21 janvier, saint-denis
06/01/2016
Conférence, Messe pour Louis XVI en Lorraine
Renseignements au : 06 46 77 66 85
15:06 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : conférence, messe, louis xvi, 21 janvier
17/01/2015
Messe pour Louis XVI en Lorraine
____________________________
A noter également Messe pour Louis XVI le dimanche 25 janvier 2015, demandée par l'association PSB Lorraine, à 11 heures à la chapelle du Sacré-Coeur, 65 rue du Maréchal Oudinot 54230 Nancy.
Puis à 15 heures, à l'hôtel Ariane, 10 rue de la Saône 54520 NANCY/LAXOU. Conférence par :
Monsieur Aymeric Péniguet de Stoutz
Administrateur de la chapelle expiatoire à Paris
Sur le thème :
La chapelle expiatoire de Paris et les commémorations sous la restauration
« une protestation perpétuelle de la réaction »
Renseignements, tarifs et inscriptions : 03 83 90 34 14
11:26 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : messe pour louis xvi, 21 janvier, metz, nancy, lorraine
20/01/2014
Un bel exemple de fidélité
« 26 décembre 1792 », plus qu'une date, c'est la devise du comte Patrick de Sèze. L'Histoire explique cette particularité : c'est le jour de la plaidoirie de son aïeul, Raymond de Sèze, avocat de Louis XVI lors de son procès. Plus de 200 ans après l'exécution du roi, le comte a précieusement conservé les originaux des minutes du procès.
21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné, place de la Révolution, à Paris au terme d'un procès de près d'un mois. Une date anniversaire pour tous les nostalgiques de la monarchie qui sera commémorée mardi, notamment à Vannes. Le comte Patrick de Sèze y sera avec sa famille. Une famille dont le nom est à jamais lié à celui du souverain : son aïeul, Raymond de Sèze, fut le défenseur du roi Louis XVI devant la Convention nationale, avec François-Denis Tronchet et Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes. Avocat au barreau de Bordeaux, Raymond de Sèze fut le conseil de la famille royale à plusieurs occasions, comme dans l'affaire du collier de la reine... Mais le 26 décembre 1792, c'est la plaidoirie la plus importante de sa carrière qu'il prononce. Cette date est aujourd'hui la devise du comte de Sèze qui vit à Baden, au bord du golfe du Morbihan.
Source le Télégramme : article complet
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20/01/2011
Les Français et le rendez-vous du 21 janvier.
De nos jours les Français ont la mémoire courte et souvent ils apparaissent comme bien changeants. Pourtant force est de constater que dans leur mémoire, des permanences existent. Chaque année il en est une qui n’est pas sans étonner l’observateur, celle qui concerne les commémorations de la mort du roi Louis XVI, le 21 janvier 1793. Elles se comptent par centaines en France et même à l’étranger. L’essentiel de ces manifestations sont des messes. Mais il y a aussi des repas, des marches, des dépôts de gerbes. Cette date apparaît ainsi comme un rendez-vous annuel que les Français ont avec leur histoire. En dehors des anniversaires liées aux deux dernières guerres et aux évènements qui s’y rattachent, aucun autre évènement historique n’est solennisé si régulièrement et si nationalement.
Le plus remarquable est que ces manifestations sont spontanées. Les grandes villes, Paris, Lyon, Marseille, se permettent d’avoir plusieurs cérémonies. Des églises plus ou moins pleines en temps ordinaire, se retrouvent l’espace d’une messe remplies.
Le fait que cela soit spontané, mérite que l’on s’y arrête. Les commémorations ne peuvent s’imposer légalement. Le récent débat sur la mémoire officielle le montre bien. Elles ne se décrètent pas ou alors il faut les associer à des jours fériés…
En revanche, le souvenir de Louis XVI s’est imposé naturellement et cela dure depuis des décennies et des décennies. Sans doute parce qu’il est un symbole. A lui seul, il marque l’ancien régime et le synthétise. Les Français savent plus ou moins inconsciemment que toute leur histoire, leur culture, leurs institutions, leur langue se sont mises en place et se sont épanouies « à l’ombre des Lys » comme disent les poètes. Quant à la fin de Louis XVI, n’est-elle pas non plus le symbole de la dérive des hommes et du pouvoir. Plus personne ne reconnaît au roi une quelconque responsabilité ou une faute. Coupable de rien, si ce n’est d’avoir été là au mauvais moment, sa mort correspond au premier procès politique. Il montre aussi les limites d’une telle justice, celle de l’arbitraire. En un mot, sa mort est le signal qu’il faut conserver et qui génération après génération, rappelle qu’en politique il faut savoir raison garder et ne pas aller trop loin. Le message vaut pour hier comme pour aujourd’hui. Pour aujourd’hui comme pour demain !
Cet instinct qui fait que les Français conservent pieusement les temps forts de leur histoire est le même que celui qui s’observe dés qu’un monument éponyme est atteint : ancien Parlement de Bretagne, Château de Lunéville, Versailles et les Trianons après les tempêtes de 1999, plus récemment le château du roi René à Angers. Chaque fois comme les messes pour le roi Louis XVI, les Français se mobilisent et envoient leurs dons pour maintenir cette part d’éternité que leur procure leur histoire. Ils savent que pour écrire demain il faut savoir lire le passé, c’est à dire conserver ses racines.
19:25 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : 21 janvier, louis xvi, révolution, monarchie, royauté, histoire