29/05/2011
29 mai 1825 SACRE DE CHARLES X
Le Sacre de Charles X.
Le roi Charles X partit de Compiègne dans le beau carrosse du sacre, le 27 mai 1825 avec Monsieur le Dauphin, et prit une nuit de repos à Fismes, où il donna audience à l'archevêque de Reims. Il arriva le 28 mai 1825 à Reims pour assister à la première cérémonie, celle des vêpres.
M. l'archevêque de Reims, Jean-Baptiste de Latil, vêtu de ses habits pontificaux et accompagné de ses suffragants, les évêques de Soissons, d'Amiens, de Beauvais et de Chalons, tous en chape et en mitre, l'a reçu sous un immense porche richement construit dans le style gothique, en avant du portail de la sainte basilique. Le chapitre de la métropole était aussi en chape. Le Roi fut conduit processionnellement sous le dais jusque dans le sanctuaire, précédé des services de sa maison civile et militaire, et suivi des ducs d'Orléans et de Bourbon. M. l'archevêque de Latil a présenté l'eau bénite à Sa Majesté, qui s'est agenouillée. Puis il a harangué Sa Majesté. M. de Latil n'a eu de garde de manquer de l'à propos qui était de position :
« Sire, aux vives acclamations de bonheur et d'amour qu'excite dans mon diocèse la présence d'un Roi digne fils de Saint-Louis, et aux sincères expressions de la reconnaissance et de la fidélité de cette bonne ville, si heureuse de se voir encore la ville du sacre, qu'il me soit permis d'ajouter les hommages et les voeux d'un chapitre aussi recommandable par la pureté de ses principes, que par la solidité de ses vertus et de tout un clergé qui connaît et qui aime à remplir ses devoirs.
Quant à moi, Sire, j'ose me croire dispensé de manifester des sentiments qui, invariables comme mes principes, sont depuis longtemps connus de Votre Majesté.
Mais après avoir, comme un serviteur fidèle, pris part, pendant une si longue suite d'année, à tous les évènements de la vie de Votre Majesté, je dois aujourd'hui bénir hautement la divine Providence qui, dans une cérémonie aussi remarquable par toutes ces circonstances, m'a destiné à remplir auprès de votre auguste personne, la plus belle, la plus consolante des fonctions de mon saint ministère, et je rends grâce à Dieu, la sagesse éternelle, de vous avoir inspiré, Sire, la grande et religieuse pensée de venir sanctifier la dignité royale par un acte solennel de religion, au pied du même autel où Clovis reçut l'onction sainte.
Car dans tout, soumis à votre puissance, Sire, tout vous fera assez entendre que vous êtes chrétien, tout vous dira que pour votre bonheur, comme pour le bonheur de vos peuples, et afin d'accomplir les destins de Dieu, en marchant sur les traces de tant de rois, dont par le droit de votre naissance, vous portez la couronne. Oui, Sire, tout vous dira que vous êtes le fils aîné de l'église et le roi très chrétien. Daigne le Roi agréer l'expression de nos sentiments, daigne le ciel exaucer tous nos voeux. »
Sa Majesté ayant fait sa prière, a été complimenté par M. l'archevêque. Un chanoine a entonné l'antienne Ecce ego mitto angelum meum, et on a conduit processionnellement le Roi vers le sanctuaire, où Sa Majesté s'est placée à son prie-dieu, ayant à ses côtés les Princes. Les Princesses étaient dans des tribunes. MM. les cardinaux étaient en avant du prie-dieu, et les archevêques et évêques appelés à la cérémonie occupaient des places dans le sanctuaire. M. l'archevêque officiant a récité les oraisons Deus, qui scis genus humanum et autres analogues, puis est allé se placer dans les stalles avec ses suffragants, et a entonné les vêpres. Cet office terminé, M. le cardinal de La Fare est monté en chaire, et a commencé son discours. Après ce sermon, le prélat officiant a entonné le Te Deum que le Roi a entendu debout. A quatre heures, le Roi se retira dans le palais qui lui avait été préparé dans l'archevêché.
Le 29 mai 1825, à Reims, le roi Charles X se présenta de bon matin au seuil de la basilique, accompagné de tous ses grands-officiers, et de tous ceux qui portaient les insignes de la royauté. Une foule immense obstruait les avenues de la basilique dès l'aurore, et avant neuf heures du matin, les tribunes étaient occupées, dans le sanctuaire à droite, par les députations de la chambre des pairs, les ministres secrétaire d'état, les ministres d'état, les conseillers d'état, les maîtres des requêtes, les gouverneurs des divisions militaires ; à gauche les grands officiers de la couronne et de la maison du Roi.
Coiffé d'une toque, le Roi était habillé d'une tunique écarlate où sept fentes avaient été aménagées pour les onctions saintes. Sa Majesté s'est avancée vers le sanctuaire, et s'est placée sous un dais en avant du choeur. M. l'archevêque de Reims a présenté l'eau bénite au Roi. On a chanté sexte et M. l'archevêque s'était revêtu des ses ornements pontificaux derrière l'autel. Sa chape, d'une très belle exécution, était relevée en bosses d'or sur drap d'or, l'agrafe était une pierre d'un gros volume et d'un grand prix, richement enchâssée, et la mitre était ornée de pierres fines, qui faisaient beaucoup d'effet. Toutes ces pierreries ont été montées par M. Cahier, orfèvre du Roi, et les ornements et les broderies ont été travaillés chez Mlle Quinet, au numéro 40 de la rue du Four, à Paris. M. l'archevêque a apporté la Sainte Ampoule et a entonné le Veni, creator. C'est pendant cet hymne que sa Majesté, la main sur les Évangiles, et sur le reliquaire de la vraie croix, a prêté les serments dans la formule qui avait été adoptée.
Le Roi a ensuite prêté les serments comme chef et souverain, Grand-maître des ordres du Saint-Esprit, de Saint-Louis et de la Légion d'Honneur, qu'il a promis de maintenir sans les laisser déchoir de leurs glorieuses prérogatives.
Sa Majesté ayant été conduite au bas de l'autel par les deux cardinaux, a quitté sa robe de soie lamée d'argent et sa toque, et n'a gardé que sa camisole de satin. Le grand-chambellan lui a mis les bottines de velours, et M. le Dauphin les éperons d'or. M. l'archevêque a béni l'épée de Charlemagne et en a ceint le Roi, puis il l'a ôtée et la lui a remise nue avec les prières prescrites.
Les deux cardinaux ont conduit le Roi pour les onctions. On a ouvert le reliquaire de la Sainte Ampoule, et M. l'archevêque en a pris une parcelle avec une aiguille d'or, et l'a mêlé avec de saint chrême. Les deux cardinaux ont dénoué la camisole du Roi pour les onctions. Sa Majesté s'est prosternée sur un carreau au pied de l'autel, et MM. les archevêques de Besançon et de Bourges, et les évêques d'Autun et d'Évreux, nommés pour chanter les litanies, ont commencé ces prières.
Quand elles ont été terminées, M. l'archevêque s'étant placé devant l'autel, s'est tourné du coté du Roi. Sa Majesté s'est mise à genoux devant le prélat. M. l'archevêque, la mitre en tête, a dit une oraison. M. l'évêque de Soissons, qui faisait les fonctions de diacre, a présenté le saint chrême à l'officiant. Celui-ci a fait les onctions : la première sur le sommet de la tête, la seconde sur la poitrine, la troisième entre les deux épaules, la quatrième et la cinquième sur les deux épaules, et la sixième et la septième aux plis de chaque bras. Après les onctions, on a revêtu le Roi de la tunique et dalmatique de satin violet semé de fleurs de lys d'or et du manteau royal de velours bordé d'hermine.
Sa Majesté, ainsi vêtue, s'est de nouveau mise à genoux, et M. l'archevêque, toujours assis et la mitre en tête, a béni les gants du Roi, son anneau, son sceptre, sa main de justice, et les a remis successivement au roi avec les prières marquées dans le cérémonial.
Les quatre maréchaux, Moncey, Soult, Mortier et Jourdan avaient apporté devant l'autel le glaive, le sceptre, la main de justice et la couronne. L'archevêque de Latil, posa sur la tête du descendant de Saint-Louis la couronne de Charlemagne. Les trois Altesses Royales, Monsieur le Dauphin, M. le duc d'Orléans, Louis-Philippe et M. le duc de Bourbon, Louis Henri Joseph, ont porté la main pour la soutenir. M. l'archevêque a béni la couronne sans cesser de la toucher, et l'a posé seul sur la tête du Roi.
Dans le fond du choeur, du côté de la nef, paraissait le magnifique jubé, sur lequel était placé le trône royal, qui s'élevait à plus de quinze pieds. On y montait des deux côtés par un escalier de trente marches, et le Roi pouvait y être vu de toutes les parties de l'église. A droite et à gauche, étaient rangés en échelon les drapeaux et guidons des différents corps de l'armée qui se trouvait réunis au camp de Saint-Léonard et dans Reims. Puis Charles X marcha vers le trône, avec grâce, aisance et dignité, sous le poids immense de ces ornements royaux, et portant le sceptre et la main de justice. M. l'archevêque officiant soutenait le Roi. Le vieux maréchal Moncey, portant droite et nue l'épée de connétable, et le fidèle maréchal duc de Bellune, le bâton de commandement à la main, marchaient parallèlement à la tête de la monarchie vivante.
M. l'archevêque, tenant le Roi par la main, l'a assis sur le trône en récitant les prières. Puis ayant quitté sa mitre, il a salué trois fois Sa Majesté, et a dit trois fois à voix haute : « Vivat Rex in aeternum ! » M. le Dauphin et les Princes se sont levés, ont déposé leur couronne et sont allés saluer le Roi, en disant aussi « Vivat Rex in aeternum ... »
Au même instant, tous les drapeaux, portés par leurs colonels, s'inclinèrent et saluèrent le Roi. Les portes s'ouvrirent. La foule se précipita à l'intérieur de la cathédrale et put acclamer le souverain dans toute sa gloire, tandis que cinq cent colombes lâchées dans la nef voletaient, affolées par le déchaînement des orgues et l'odeur de l'encens. Armé, sacré, couronné, Charles X se fit applaudir lorsqu'il sortit de la cathédrale, tandis que l'artillerie tonnait sur les remparts, et que toutes les cloches de la ville sonnaient..
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08/05/2011
Sainte Jeanne d'Arc
Introduction
En 1420, la France n'existe plus. Après l'assassinat de son père, Jean Sans Peur, le duc de Bourgogne Philippe III le Bon s'est allié à Henri V d’Angleterre. En 1424, les Anglais envahirent le domaine de Charles (Dauphin de France et héritier de la Couronne) et mirent le siège devant Orléans, ville-clef pour le passage de la Loire. Une fois la ville tombée, ils pouvaient facilement conquérir le reste du pays. Mais Orléans ne tomba pas, grâce à une paysanne de dix-huit ans : Jeanne d’Arc.
Charles VII règne sur le centre et au sud (pays d'oc). On le surnomme par dérision « le petit roi de Bourges ». Il n'a ni argent ni soutiens, si ce n'est celui des Armagnacs et de quelques mercenaires. Le roi est au bord du renoncement lorsqu'il rencontre Jeanne d’Arc...
L'enfance de Jeanne d'Arc
Jeanne d’Arc est né en 1412 à Domrémy, aux marches de la Lorraine, dans une famille de paysans nommée « Darc ». Sa famille sera anoblie par Charles VII et changera son nom en d'Arc. Jeanne est une fillette pieuse, rien ne la distingue de ses compagnons de jeu. A l'âge de 13 ans, elle eut une apparition de Saint Michel sous l'apparence d'un chevalier, de Sainte Marguerite et de Sainte Catherine. L'archange et ses deux saintes lui ordonnent de conduire le dauphin à Reims pour le faire sacrer. Jeanne n'en parle à personne, mais mois après mois, année après année, les voix reviennent, insistantes… A seize ans, elle parle de ses voix à son oncle, Durand Laxart, qui l'escorte auprès de Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, forteresse voisine de Domrémy. Baudricourt conseille Laxart de ramener sa nièce chez ses parents avec une bonne gifle... L'année suivante, les Anglais déferlent sur la Lorraine, Jeanne voit l'ennemi de près et doit se réfugier à Neufchâteau avec sa famille. Revenue à Vaucouleurs, sa personnalité ne passe pas inaperçu, elle rencontre même le duc de Lorraine. Face à une telle détermination, Baudricourt lui donne une escorte de quelques hommes, dont Jean de Metz et Bertrand de Poulengy, qui resteront fidèles à Jeanne tout au long de son épopée. Habillée en homme, Jeanne va jusqu'à Chinon pour y rencontrer le dauphin…
La rencontre du dauphin à Chinon
Arrivée à Chinon, Jeanne se rend à la grande salle du château. Elle n'avait encore jamais vu le roi, et pourtant elle le reconnaît, caché dans son assistance, alors qu'un sujet avait pris sa place. Charles VII est étonné, la jeune fille se présente sous le nom de Jeanne la Pucelle et que le Roy des cieux lui commande de l'emmener à Reims pour le faire sacrer. Jeanne et Charles s'entretiennent en secret, nul ne sait ce qu'ils se sont dits, mais le roi ressort avec le visage éclairé. Charles lui donna une armure, une garde de quelques hommes, et l'autorisa à se joindre au dernier convoi destiné à secourir Orléans. Jeanne fit faire un étendard timbré de la fleur de lys et des noms JhesusMaria. De tous les autres chefs de guerre, il n'en est pas un qui ose s'opposer à la jeune fille, tous ont cœur de lui obéir.
L'épée de Jeanne d'Arc
Une fois l'armure de Jeanne confectionnée, on s'inquiéta de l'épée. « Allez à Sainte-Catherine-de-Fierbois dit elle, dans la chapelle du pèlerinage. Vous creuserez derrière l'autel, vous enlèverez une dalle, des pierres, et à peu de profondeur, vous trouverez l'épée qu'il me faut. » Ainsi fut-il fait, et l'on trouva une grande épée à la garde marquée de cinq petites croix. Cette épée était celle de Charles Martel qui, après Poitiers, l'aurait offerte aux prêtres du sanctuaire.
Le siège d'Orléans
Avant l'arrivée de Jeanne d’Arc, Orléans est au bord de la reddition, la ville n'a plus de ressources et est épuisé. Le duc Charles d'Orléans étant fait prisonnier après Azincourt, c'est son demi-frère Jean, dit Dunois, un enfant bâtard, qui défend la ville avec courage. Tandis que les chefs de guerre français hésitent et tergiversent, Jeanne rentre secrètement dans la ville pour y rencontrer Dunois. Elle le somme de faire une sortie, mais la dernière a été trop catastrophique que le bâtard d'Orléans préfère attendre les renforts. Jeanne prend les choses en main, deux bastides anglaises se tiennent dans la région, il faut les attaquer ! Jeanne charge elle-même la bastide des Augustins, la garnison la suit et c'est un succès. Le soir au conseil de guerre, Dunois et ses hommes veulent en rester là, mais Jeanne refuse. Elle ameute la population qui se prépare toute la nuit. Le lendemain, l'assaut est donné, la forteresse est redoutable, les pertes sont élevées, Jeanne est touchée par un carreau d'arbalète au dessus du sein. La blessure est superficielle, elle retourne galvaniser ses troupes. Les Anglais paniquent, ils se jettent dans la Loire, le 8 mai 1429, Orléans est sauvé. C'est un miracle ! La prise d'Orléans prouve le caractère divin de sa mission.
Le Sacre du Roi
Après l'exploit d'Orléans, deux possibilités s'offraient aux Français : attaquer Paris ou aller à Reims, comme le veut Jeanne, pour sacrer le roi. Le Dauphin, hésitant, fini par donner raison à Jeanne. Seulement le pari est risqué, Reims est cerné par des possessions anglaises et bourguignonnes. Une rencontre décisive a lieu à Patay, face aux Anglais de John Talbot, tout juste chassé d'Orléans. Chacun a encore les souvenirs d'Azincourt, cimetière français. Seulement la Pucelle est là, et elle assure la victoire au nom de Dieu. La bataille s'engage, la charge française est irrésistible, les Anglais laissent 2 000 morts et leur chef prisonnier. Côté français, les pertes sont quasiment nulles. Pour ouvrir la route jusqu'à Reims, les Français libèrent Auxerre, Troyes et Chalons. Le Dauphin peut enfin faire son entrer dans la cathédrale de Reims pour y recevoir le Saint Chrême. Jeanne est à ses côtés, portant son étendard. Le régent anglais, le duc de Bedford, réagit sans attendre, il fait sacrer le jeune Henri VI à Notre-Dame de Paris. Mais sans la Sainte Ampoule, qui valide le rituel du sacre, le couronnement n'a aucune signification. Il n'y a plus qu'un seul Roi sur la France, l'héritier des Valois, Charles VII. La mission de Jeanne s'est couronnée d'un succès, en quelques mois, la victoire a changé de camp.
La portée du sacre de Charles VII fut majeure. En effet, le nouveau souverain devenait le représentant légitime de Dieu sur terre, digne successeur des Valois. De ce fait, le traité de Troyes n’avait plus de valeur, et le jeune Henri VI, qui apparaissait déjà comme un souverain déjà peu légitime, perdait ainsi toute crédibilité. Dès l’annonce du sacre, les habitants de Laon décidèrent d’envoyer à Charles VII les clefs de la ville.
Au cours de l’été, de nombreuses cités firent allégeance au nouveau souverain : Sens, Soissons, Crécy, Coulommiers, Provins, Château Thierry, etc.Enfin, à la fin du mois d’août, Charles VII signa une trêve de quatre mois avec le duc de Bourgogne.
Jeanne d’Arc chef de guerre (été 1429 à mai 1430)
Suite à la signature de la trêve entre Charles VII et Philippe le Bon, Jeanne décida de marcher sur Paris (la cité était alors entre les mains des Bourguignons.). Assistée par Jean II, duc d’Alençon, Jeanne entreprit le siège de la ville au début du mois de septembre 1429. Blessée à la cuisse devant la porte Saint Honoré, les combats cessèrent, malgré les protestations de la Pucelle. En outre, Charles VII décida d’interdire à l’armée royale de reprendre les combats, soucieux de respecter la trêve signée avec les Bourguignons.
Souhaitant rester prudent quant à la suite des évènements, le roi de France préféra se retirer vers la Loire. A la fin de mois de septembre, se trouvant alors à Gien, Charles VII décida de licencier son armée. Jeanne d’Arc fut alors envoyée dans le Berry afin de lutter contre les compagnies qui causaient à cette époque de graves déprédations. Début novembre, elle parvint à s’emparer de Saint Pierre le Moûtiers, mais échoua devant La Charité sur Loire, alors aux mains du Bourguignon Perrinet Gressart. Cependant, l’hiver arrivant, Jeanne dut abandonner le siège et regagner le château de Mehun sur Yèvre où séjournait le roi.
A la fin du mois de décembre, en guise de remerciement, la Pucelle fut anoblie par le roi, ainsi que ses parents, ses frères, et tout son lignage. Mars 1430, la Pucelle décida finalement de quitter le château de Sully sur Loire, où elle avait accompagnée le roi. Elle ne voulait pas rester inactive alors que le duc de Bedford, afin de renforcer son alliance avec la Bourgogne, avait donné la Champagne et la Brie à Philippe le Bon.
Quittant le roi sans prendre congé, Jeanne participa à quelques combats au printemps 1430, sans toutefois réussir à l’emporter. Cependant, sa présence et sa renommée parvenaient à terrifier certains capitaines et soldats anglais, tant et si bien que leurs supérieurs durent prendre des mesures contre ceux qui tremblaient devant la Pucelle.
En mai 1430, Jeanne répondit à l’appel des habitants de Compiègne, alors assiégés par les Bourguignons (en effet, au lendemain du sacre, Charles VII avait chassé la garnison bourguignonne se trouvant dans la cité.).
Le 23 mai 1430, la Pucelle pénétra dans la cité, accompagnée par des forces très réduites. Tentant une sortie le soir même, elle se lança à l’assaut des troupes de Jean II de Luxembourg, comte de Guise (ce dernier était un fidèle allié des Bourguignons, confirmé dans ses droits par le duc de Bedford.).
C’est alors qu’une troupe anglaise arriva en renfort, prenant les compagnons de Jeanne d’Arc entre deux feux. Se sentant en danger, la jeune femme ordonna à ses hommes de reculer vers Compiègne. Cependant, le pont levis se releva, abandonnant la Pucelle aux mains des Anglo-bourguignons.
C’est alors qu’un des vassaux de Jean de Luxembourg tira une flèche sur le cheval de Jeanne, la faisant tomber à terre. C’est ainsi que cette dernière fut capturée par les Bourguignons.
Le procès et condamnation de Jeanne d’Arc (janvier à mai 1431)
Suite à sa capture, les Bourguignons retinrent Jeanne prisonnière pendant près de six mois. Pendant ce temps, alors que la Pucelle était entre les mains de Jean de Luxembourg, Charles VII parvint à remporter plusieurs victoires.
En juin, l’armée royale stoppa les troupes bourguignonnes, qui tentaient de s’emparer du Dauphiné ; en juillet, Charles VII conclut une alliance avec Frédéric III, archiduc d’Autriche; en novembre, la ville de Liège, soudoyée par le roi de France, se révolta contre les Bourguignons, et Charles VII parvint à s’en emparer.
Jeanne, quant à elle, fut emprisonnée à Rouen dans un château ayant appartenu à Philippe II Auguste, le procès de la Pucelle s’ouvrit en février 1431. Ce fut alors Pierre Cauchon, évêque de Beauvais, qui fut chargé d’instruire son procès pour hérésie.
Bien qu’étant innocente des crimes qu’on lui reprochait, les Anglais voulaient se débarasser de la jeune femme de manière légale... De ce fait, le tribunal déclara Jeanne coupable d’être schismatique, hérétique, etc.
Le 30 mai 1431, les Anglais firent brûler vive la condamnée sur place du Vieux Marché de Rouen. Cette dernière n’avait pas vingt ans… Afin que ses restes ne soient pas utilisés comme des reliques, les Anglais décidèrent de récolter les cendres de la Pucelle, qu’ils jetèrent ensuite dans la Seine.
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10/03/2011
La main de justice
La main de justice est un insigne du pouvoir royal en France qui indique que le Roy peut rendre la justice.
Cette main de justice en ivoire richement décorée a servi lors du sacre des rois capétiens. Les trois doigts sont le symbole de la Sainte Trinité qui confirme le pouvoir religieux du roi, notament le pouvoir de guérir des écrouelles. La main de justice réunit donc la puissance justicière du roi à sa puissance religieuse.
Peu de récits du sacre des roi capétiens existent, ce qui rend difficile l'établissement d'une chronologie de l'apparition de la main de justice. De retour de croisade contre les Albigeois, Louis VIII meurt lors de l'année 1226. L'héritier du trône, Louis IX (Saint Louis) n'a alors que douze ans. Blanche de Castille s'empresse alors de procéder au sacre de son fils. Lors de la cérémonie il reçoit, des éperons d'or, une épée, un anneau et un bâton qui se termine par une main d'ivoire ouverte ayant trois doigts étendus. Il semblerait que ce soit pour la première fois de l'histoire que cet objet apparaisse. Lors de son serment, il s'engage à faire régner la paix et la justice, et tel Dieu à être miséricordieux. Louis IX attache une importance particulière à ce que justice soit rendue. Ainsi l'imagerie populaire n'hésitera pas à représenter Saint Louis à l'ombre d'un chêne n'hésitant pas à régler de par sa personne les différends entre ses sujets. De par sa justice il contribue au renforcement du pouvoir royal.
Lors de la cérémonie du sacre, la main de justice est remise après le sceptre, dans la main gauche du souverain. Après la cérémonie, elle est confiée au trésor de l'abbaye royale de Saint-Denis avant d'être ressortie pour le prochain sacre.
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26/04/2010
La cérémonie du sacre du Roy de France
Le sacre des rois de France évolue tout au long du Moyen Âge et connaît encore quelques modifications sous l'Ancien Régime.
Il consiste d'abord en une simple onction sur le front du souverain (avant 816), à laquelle s'ajoute le couronnement, la remise d'un sceptre et le serment de défendre l'Eglise (ordo d'Hincmar), l'apparition de l'anneau et de l'épée (Xe siècle), l'adoubement du chevalier (sacre de Philippe Auguste, 1179), le serment contre les hérétiques (début du XIIIe siècle).
Au XIVe siècle est introduit le lever du Roy et la procession depuis le palais de l'archevêque jusqu'à la cathédrale (sacre de Charles V, 1364).
La cérémonie se déroule un dimanche, ou à l'occasion d'une grande fête liturgique (Ascension, Assomption, Toussaint).
Arrivé la veille, le Roy se prépare à son ministère en passant une partie de la nuit en prières, avant d'aller dormir au palais de l'archevêque (actuel palais du Tau).
C'est là qu'au lever du jour deux des pairs ecclésiastiques, l'évêque de Laon et l'évêque de Beauvais, viennent le chercher.
Commence alors un dialogue entre le chantre de la cathédrale et le grand chambellan. Le premier frappe avec son bâton à la porte de la chambre royale. "Que demandez-vous ?" demande alors le grand chambellan de l'intérieur. "Le Roy", répond le chantre. "Le Roy dort".
Ce rituel, fixé définitivement sous Louis XIII, est répété à trois reprises puis, à la fin du troisième dialogue, l'évêque de Laon dit : "Nous demandons Louis [ou Charles...] que Dieu nous a donné pour Roy".
La porte s'ouvre alors et le Roy est conduit en procession, au chant du Veni Creator, à l'intérieur de la cathédrale où l'attend le prélat consécrateur.
Une fois le Roy assis au milieu de la cathédrale, l'archevêque de Reims part accueillir la Sainte Ampoule, apportée en cortège par les moines de Saint-Remi et escortée par les barons.
La fiole est déposée sur l'autel aux côtés des regalia, les insignes de la dignité royale conservés à l'abbaye de Saint-Denis, la nécropole des rois de France.
Le Roy prête ensuite plusieurs serments. Debout, devant le maître-autel, sur lequel sont également posés les Evangiles et un reliquaire de la Vraie Croix, il promet de défendre l'Eglise, de lui conserver ses privilèges canoniques, de garder la paix et la justice de ses peuples et de chasser les hérétiques.
Simplement vêtu de sa tunique et d'une chemise échancrée aux différents endroits où doivent être pratiquées les onctions, le Roy reçoit les insignes du chevalier, l'épée et les éperons d'or qui font de lui le bras séculier de l'Eglise. Prosterné devant l'archevêque, il est oint, avec le chrême de la Sainte Ampoule, sur la tête, la poitrine, entre les épaules et sur chacune d'elles, aux jointures des bras et sur les mains.
Le Roy reçoit enfin
l'anneau, le sceptre et la main de justice.
L'archevêque de Reims, les évêques de Beauvais, Châlons, Langres, Laon et Noyon, les ducs d'Aquitaine, de Bourgogne et de Normandie et les comtes de Champagne, de Flandre et de Toulouse soutiennent ensemble la couronne au-dessus du Roy avant que l'archevêque ne la pose seul sur la tête du nouveau souverain.
En raison du jeune âge des souverains lors de leur avènement, peu de reines furent sacrées à Reims, sinon, la cérémonie avait lieu à l'abbaye de Saint-Denis. Si le Roy est marié, c'est à ce moment de la cérémonie que prend place le sacre de la Reine, laquelle reçoit à son tour deux onctions sur la tête et la poitrine ainsi que des regalia plus petits tels que couronne, anneau, sceptre, main de justice.
Le Roy assiste ensuite à la messe depuis son trône. Au cours de l'offertoire, il apporte à l'archevêque le pain et le vin, ainsi que treize pièces d'or symbolisant son union avec le peuple. Il communie enfin à l'autel sous les deux espèces, dans le calice dit "de saint Remi".
La messe terminée, le Roy se rend au palais du Tau pour le festin du sacre.
A l'image du Christ au cours de la Cène, il prend place au milieu des douze pairs, avec ses ornements, couronne sur la tête, le connétable brandissant l'épée devant lui.
Quelques invités soigneusement choisis par l'étiquette assistent au repas, des princes du sang, des ambassadeurs, des seigneurs, des grands officiers du royaume.
Roy thaumaturge depuis les miracles attribués à Louis VI (1108-1137), le souverain capétien prend l'habitude, le surlendemain de son sacre, de toucher les malades atteints des écrouelles (infection tuberculeuse des ganglions). Cette cérémonie, dont Jean de Joinville rapporte que Louis IX la pratiquait chaque semaine, consiste en un rituel du signe de croix sur les plaies, accompagné de la formule :
"Le Roy te touche, Dieu te guérit."
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