09/03/2017
Relation du toucher des scrofuleux au sacre de Charles X (Reims, 31 mai 1825)
Exclusivité de la Gazette royale (n° 148)
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Relation du toucher des scrofuleux
au sacre de Sa Majesté Charles X
(REIMS, LE 31 MAI 1825)
Le document que vous allez lire n'a jamais été publié dans son intégralité. Le 31 mai 1825, soit deux jours après son sacre, le roi Charles X se rendit à l'hospice Saint-Marcoul afin d'accomplir le rite du toucher et de perpétuer ainsi la tradition des rois thaumaturges. Les religieuses de Saint-Marcoul relatèrent cet événement et les guérisons qui s'ensuivirent dans un manuscrit. Ce document fut ensuite remis à l'abbé Desgenettes ; l'abbé le confia plus tard à Dom Guéranger ; le manuscrit est encore aujourd'hui à l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes. Nous remercions vivement Dom Thierry Barbeau d’avoir transmis ce texte, exceptionnel, à La Gazette Royale. « Dieu te guérisse, le Roi te touche ».
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Relation de ce qui s’est passé à l’hospice Saint-Marcoul, le 31 mai 1825
La communauté partagea avec toute la nation la joie que répandit dans les cœurs vraiment français l’auguste cérémonie du sacre de Sa Majesté Charles X. Elle se réjouissait de voir dans cette ville, qui fut le berceau du christianisme pour les Francs, un prince religieux consacrer son royaume et son peuple au Dieu de saint Remi et de Clovis. Les sœurs connaissaient, par le récit de celles qui les avaient précédées dans l’honorable emploi de mères des pauvres, les nombreuses guérisons qu’il avait plu à Dieu d’opérer au sacre de Louis XVI. Dépositaires de quelques-uns des procès-verbaux qui constatent ces faits 1, elles espéraient les voir se renouveler sous leurs yeux et ne négligeaient rien pour préparer leurs malades et ceux du dehors à se rendre dignes des mêmes faveurs, par leurs prières et leurs bonnes œuvres. Mais à mesure que le moment approchait, elles virent avec peine [f° 7 v°] qu'on ne s'occupait pas de cette intéressante cérémonie, et bientôt on les chargea d'annoncer aux malades qui se présenteraient, que le Roi ne toucherait pas les écrouelles.
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06/06/2011
Les apparitions de la rue du Bac
Rares sont les catholiques français, les catholiques parisiens surtout, qui ne connaissent pas ou n'ont pas entendu parler de la chapelle de la médaille miraculeuse, 140 rue du Bac à Paris, visitée chaque année par de très nombreux fidèles français et étrangers.
Rares sont ceux qui ignorent tout des apparitions de Notre-Dame à une jeune novice du couvent des célèbres soeurs de la Charité, plus connues sous le nom de « Soeurs de Saint Vincent de Paul » dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, à celle qui deviendra sainte Catherine Labouré, canonisée par le pape Pie XII en 1947.
Rappelons brièvement les faits racontés notamment dans l'ouvrage « Catherine Labouré et la Médaille miraculeuse » de l'abbé Laurentin et de Pierre Roche.
Beaucoup ne connaissent qu'une partie des apparitions de Notre-Dame à l'humble religieuse. Mais la Très Sainte Vierge a parlé en termes très clairs des tristes événements qui allaient survenir en France ce même mois de juillet 1830, comme l'indique précisément Albert Garreau :
« La première apparition a lieu dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830. Les temps sont bien mauvais dit la belle Dame, assise dans le fauteuil qui se trouve encore aujourd'hui rue du Bac, cependant que la jeune fille s'est agenouillée et a placé ses deux mains dans le giron de la Vierge. Des malheurs vont fondre sur la France ; le trône sera renversé ; le monde entier sera secoué par des malheurs de toutes sortes. La Sainte Vierge a l'air peinée en disant cela. Mais venez au pied de cet autel : là les grâces seront répandues sur les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur : elles seront répandues sur les grands et sur les petits ».
Ainsi la Sainte Vierge évoquait avec tristesse le trône de France qui serait renversé ; c'est assez dire aux yeux de Notre Dame la gravité des événements de Juillet.
Les théories des historiens libéraux pour expliquer la Révolution de 1830 ne tiennent pas devant les affirmations de la Reine du ciel venue chez nous. Mais il y eut aussi une autre manifestation divine dont les historiens ne parlent pas, sauf, bien sûr, l'abbé Laurentin. C'est le fait suivant, d'après le récit de Catherine Labouré elle-même :
« Le jour de la Sainte Trinité, le 6 juin 1830, Notre-Seigneur m'apparut comme Roi, avec la Croix sur la poitrine, pendant la messe, au moment de l'évangile (dans lequel Notre Seigneur rappelle selon saint Mathieu 28, 18-20 : tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre...) Il me sembla que Notre-Seigneur était dépouillé de tous ses ornements : tout cela croula à terre et il m'a semblé que la Croix coulait sous les pieds de Notre-Seigneur... C'est là que j'ai eu les pensées les plus noires et les plus tristes ; c'est là que j'ai eu la pensée que le Roi de la Terre serait perdu et dépouillé de ses habits royaux ».
Cette apparition se déroule en deux temps : premièrement Notre-Seigneur est vêtu des ornements royaux, Il manifeste avec Sainte Jeanne d'Arc, qu'Il est le vrai roi de France ; deuxième temps : Il est dépouillé de ces ornements, Il manifeste qu'Il ne va plus être roi de France. La Sainte elle même a fait aussitôt la relation avec les événements politiques du moment.
1èr temps : juin, au moment de l'apparition, la France atteint, sous le règne de son dernier roi sacré, un bonheur que les historiens ont peine à comparer ; et le pouvoir attache de l'importance à la renaissance catholique.
2èm temps : juillet, la sainte le devine, car personne ne le soupçonne encore à cette date, si ce n'est la bourgeoisie voltairienne - : Charles X est chassé de son trône par la coalition des financiers, des ennemis de l'Eglise et la trahison de son entourage qui n'aurait eu aucune peine à mater cette révolution.
Le Roi aurait pu continuer à soutenir la renaissance religieuse du 19èm siècle, initiée sous son règne et qui ne trouva plus qu'opposition dans l'autorité politique, une finalité. Nous ne prétendons pas que Notre-Seigneur dans cette apparition ait un objectif exclusivement politique. Il est même évident que ce qui attriste Notre-Seigneur c'est la déchristianisation, la perte de Sa royauté sur les âmes ; mais, nous pensons que cette apparition est aussi une leçon sur les moyens qui sont nécessaires pour arriver à cette fin qu'est le règne social de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Comme Sainte Catherine Labouré, nous pensons que cette apparition s'applique aux institutions. « C'est là que j'ai eu la pensée que le Roi de la terre serait perdu et dépouillé de ses habits royaux ».
En sommes ces apparitions de la rue du Bac, sont une reconnaissance de la légitimité en général et de la légitimité de Charles X en particulier.
Elle éclaire un peu plus le problème de la succession de France, et surtout, c'est une manifestation surnaturelle de plus par laquelle Notre-Seigneur vient confirmer son attachement à notre pays, et nous éclairer sur les moyens nécessaires à son bonheur.
00:23 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : sainte catherine labouré, rue du bac, apparitions, légitimité, charles x, monarchie de juillet
29/05/2011
29 mai 1825 SACRE DE CHARLES X
Le Sacre de Charles X.
Le roi Charles X partit de Compiègne dans le beau carrosse du sacre, le 27 mai 1825 avec Monsieur le Dauphin, et prit une nuit de repos à Fismes, où il donna audience à l'archevêque de Reims. Il arriva le 28 mai 1825 à Reims pour assister à la première cérémonie, celle des vêpres.
M. l'archevêque de Reims, Jean-Baptiste de Latil, vêtu de ses habits pontificaux et accompagné de ses suffragants, les évêques de Soissons, d'Amiens, de Beauvais et de Chalons, tous en chape et en mitre, l'a reçu sous un immense porche richement construit dans le style gothique, en avant du portail de la sainte basilique. Le chapitre de la métropole était aussi en chape. Le Roi fut conduit processionnellement sous le dais jusque dans le sanctuaire, précédé des services de sa maison civile et militaire, et suivi des ducs d'Orléans et de Bourbon. M. l'archevêque de Latil a présenté l'eau bénite à Sa Majesté, qui s'est agenouillée. Puis il a harangué Sa Majesté. M. de Latil n'a eu de garde de manquer de l'à propos qui était de position :
« Sire, aux vives acclamations de bonheur et d'amour qu'excite dans mon diocèse la présence d'un Roi digne fils de Saint-Louis, et aux sincères expressions de la reconnaissance et de la fidélité de cette bonne ville, si heureuse de se voir encore la ville du sacre, qu'il me soit permis d'ajouter les hommages et les voeux d'un chapitre aussi recommandable par la pureté de ses principes, que par la solidité de ses vertus et de tout un clergé qui connaît et qui aime à remplir ses devoirs.
Quant à moi, Sire, j'ose me croire dispensé de manifester des sentiments qui, invariables comme mes principes, sont depuis longtemps connus de Votre Majesté.
Mais après avoir, comme un serviteur fidèle, pris part, pendant une si longue suite d'année, à tous les évènements de la vie de Votre Majesté, je dois aujourd'hui bénir hautement la divine Providence qui, dans une cérémonie aussi remarquable par toutes ces circonstances, m'a destiné à remplir auprès de votre auguste personne, la plus belle, la plus consolante des fonctions de mon saint ministère, et je rends grâce à Dieu, la sagesse éternelle, de vous avoir inspiré, Sire, la grande et religieuse pensée de venir sanctifier la dignité royale par un acte solennel de religion, au pied du même autel où Clovis reçut l'onction sainte.
Car dans tout, soumis à votre puissance, Sire, tout vous fera assez entendre que vous êtes chrétien, tout vous dira que pour votre bonheur, comme pour le bonheur de vos peuples, et afin d'accomplir les destins de Dieu, en marchant sur les traces de tant de rois, dont par le droit de votre naissance, vous portez la couronne. Oui, Sire, tout vous dira que vous êtes le fils aîné de l'église et le roi très chrétien. Daigne le Roi agréer l'expression de nos sentiments, daigne le ciel exaucer tous nos voeux. »
Sa Majesté ayant fait sa prière, a été complimenté par M. l'archevêque. Un chanoine a entonné l'antienne Ecce ego mitto angelum meum, et on a conduit processionnellement le Roi vers le sanctuaire, où Sa Majesté s'est placée à son prie-dieu, ayant à ses côtés les Princes. Les Princesses étaient dans des tribunes. MM. les cardinaux étaient en avant du prie-dieu, et les archevêques et évêques appelés à la cérémonie occupaient des places dans le sanctuaire. M. l'archevêque officiant a récité les oraisons Deus, qui scis genus humanum et autres analogues, puis est allé se placer dans les stalles avec ses suffragants, et a entonné les vêpres. Cet office terminé, M. le cardinal de La Fare est monté en chaire, et a commencé son discours. Après ce sermon, le prélat officiant a entonné le Te Deum que le Roi a entendu debout. A quatre heures, le Roi se retira dans le palais qui lui avait été préparé dans l'archevêché.
Le 29 mai 1825, à Reims, le roi Charles X se présenta de bon matin au seuil de la basilique, accompagné de tous ses grands-officiers, et de tous ceux qui portaient les insignes de la royauté. Une foule immense obstruait les avenues de la basilique dès l'aurore, et avant neuf heures du matin, les tribunes étaient occupées, dans le sanctuaire à droite, par les députations de la chambre des pairs, les ministres secrétaire d'état, les ministres d'état, les conseillers d'état, les maîtres des requêtes, les gouverneurs des divisions militaires ; à gauche les grands officiers de la couronne et de la maison du Roi.
Coiffé d'une toque, le Roi était habillé d'une tunique écarlate où sept fentes avaient été aménagées pour les onctions saintes. Sa Majesté s'est avancée vers le sanctuaire, et s'est placée sous un dais en avant du choeur. M. l'archevêque de Reims a présenté l'eau bénite au Roi. On a chanté sexte et M. l'archevêque s'était revêtu des ses ornements pontificaux derrière l'autel. Sa chape, d'une très belle exécution, était relevée en bosses d'or sur drap d'or, l'agrafe était une pierre d'un gros volume et d'un grand prix, richement enchâssée, et la mitre était ornée de pierres fines, qui faisaient beaucoup d'effet. Toutes ces pierreries ont été montées par M. Cahier, orfèvre du Roi, et les ornements et les broderies ont été travaillés chez Mlle Quinet, au numéro 40 de la rue du Four, à Paris. M. l'archevêque a apporté la Sainte Ampoule et a entonné le Veni, creator. C'est pendant cet hymne que sa Majesté, la main sur les Évangiles, et sur le reliquaire de la vraie croix, a prêté les serments dans la formule qui avait été adoptée.
Le Roi a ensuite prêté les serments comme chef et souverain, Grand-maître des ordres du Saint-Esprit, de Saint-Louis et de la Légion d'Honneur, qu'il a promis de maintenir sans les laisser déchoir de leurs glorieuses prérogatives.
Sa Majesté ayant été conduite au bas de l'autel par les deux cardinaux, a quitté sa robe de soie lamée d'argent et sa toque, et n'a gardé que sa camisole de satin. Le grand-chambellan lui a mis les bottines de velours, et M. le Dauphin les éperons d'or. M. l'archevêque a béni l'épée de Charlemagne et en a ceint le Roi, puis il l'a ôtée et la lui a remise nue avec les prières prescrites.
Les deux cardinaux ont conduit le Roi pour les onctions. On a ouvert le reliquaire de la Sainte Ampoule, et M. l'archevêque en a pris une parcelle avec une aiguille d'or, et l'a mêlé avec de saint chrême. Les deux cardinaux ont dénoué la camisole du Roi pour les onctions. Sa Majesté s'est prosternée sur un carreau au pied de l'autel, et MM. les archevêques de Besançon et de Bourges, et les évêques d'Autun et d'Évreux, nommés pour chanter les litanies, ont commencé ces prières.
Quand elles ont été terminées, M. l'archevêque s'étant placé devant l'autel, s'est tourné du coté du Roi. Sa Majesté s'est mise à genoux devant le prélat. M. l'archevêque, la mitre en tête, a dit une oraison. M. l'évêque de Soissons, qui faisait les fonctions de diacre, a présenté le saint chrême à l'officiant. Celui-ci a fait les onctions : la première sur le sommet de la tête, la seconde sur la poitrine, la troisième entre les deux épaules, la quatrième et la cinquième sur les deux épaules, et la sixième et la septième aux plis de chaque bras. Après les onctions, on a revêtu le Roi de la tunique et dalmatique de satin violet semé de fleurs de lys d'or et du manteau royal de velours bordé d'hermine.
Sa Majesté, ainsi vêtue, s'est de nouveau mise à genoux, et M. l'archevêque, toujours assis et la mitre en tête, a béni les gants du Roi, son anneau, son sceptre, sa main de justice, et les a remis successivement au roi avec les prières marquées dans le cérémonial.
Les quatre maréchaux, Moncey, Soult, Mortier et Jourdan avaient apporté devant l'autel le glaive, le sceptre, la main de justice et la couronne. L'archevêque de Latil, posa sur la tête du descendant de Saint-Louis la couronne de Charlemagne. Les trois Altesses Royales, Monsieur le Dauphin, M. le duc d'Orléans, Louis-Philippe et M. le duc de Bourbon, Louis Henri Joseph, ont porté la main pour la soutenir. M. l'archevêque a béni la couronne sans cesser de la toucher, et l'a posé seul sur la tête du Roi.
Dans le fond du choeur, du côté de la nef, paraissait le magnifique jubé, sur lequel était placé le trône royal, qui s'élevait à plus de quinze pieds. On y montait des deux côtés par un escalier de trente marches, et le Roi pouvait y être vu de toutes les parties de l'église. A droite et à gauche, étaient rangés en échelon les drapeaux et guidons des différents corps de l'armée qui se trouvait réunis au camp de Saint-Léonard et dans Reims. Puis Charles X marcha vers le trône, avec grâce, aisance et dignité, sous le poids immense de ces ornements royaux, et portant le sceptre et la main de justice. M. l'archevêque officiant soutenait le Roi. Le vieux maréchal Moncey, portant droite et nue l'épée de connétable, et le fidèle maréchal duc de Bellune, le bâton de commandement à la main, marchaient parallèlement à la tête de la monarchie vivante.
M. l'archevêque, tenant le Roi par la main, l'a assis sur le trône en récitant les prières. Puis ayant quitté sa mitre, il a salué trois fois Sa Majesté, et a dit trois fois à voix haute : « Vivat Rex in aeternum ! » M. le Dauphin et les Princes se sont levés, ont déposé leur couronne et sont allés saluer le Roi, en disant aussi « Vivat Rex in aeternum ... »
Au même instant, tous les drapeaux, portés par leurs colonels, s'inclinèrent et saluèrent le Roi. Les portes s'ouvrirent. La foule se précipita à l'intérieur de la cathédrale et put acclamer le souverain dans toute sa gloire, tandis que cinq cent colombes lâchées dans la nef voletaient, affolées par le déchaînement des orgues et l'odeur de l'encens. Armé, sacré, couronné, Charles X se fit applaudir lorsqu'il sortit de la cathédrale, tandis que l'artillerie tonnait sur les remparts, et que toutes les cloches de la ville sonnaient..
00:15 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : sacre, charles x, reims, archevêque, eglise, tradition catholique, royalisme, royauté
15/03/2011
De la naissance de l'Enfant du miracle, au Château de Frohsdorf
Quel beau jour que ce 8 juillet 1815 : Louis XVIII rentrait dans son royaume et la nation acclamait son nom comme l'espoir d'un meilleur avenir. Rien n'était perdu; le Roi était là et le Roi, c'était tout. En quelques années, l'étranger était payé et quittait le territoire, la prospérité renaissait, le commerce et l'industrie prenaient un nouvel essor.
Tout semblait promettre un long avenir de bonheur; soudain, un crime affreux jette la consternation dans le pays; le 13 janvier 1820, le Duc de Berry, fils du futur Roi Charles X, et héritier de la famille royale, venait d'être assassiné par Louis Louvel un fanatique Bonapartiste.
La descendance de Louis XV était-elle destinée à s'éteindre ? Du sein du tombeau brillait une espérance: "Mon amie, avait dit l'infortuné prince à son épouse en larmes, ménagez-vous pour l'enfant que vous portez dans votre sein." Faible rayon au milieu des ténèbres, dernier espoir de la société française ! Dieu permit qu'il ne fut pas déçu, et le 29 septembre 1820, Henri - Charles Ferdinand Marie Dieudonné d'Artois, Duc de Bordeaux, naissait aux Tuileries, les poètes chantaient l'Enfant du miracle.
La veille au soir, la duchesse de Berry, ne croyant pas que l'évènement fût si proche, avait fait coucher toutes les personnes de son service. Mais, à peine étaient-elles endormies, qu'elles sont réveillées par ces mots prononcés par la princesse: "Allons, vite, vite! Il n'y a pas un moment à perdre." Elles accourent et l'une d'elle, Mme Bourgeois reçoit l'enfant. " Quel bonheur! s'écrie l'heureuse mère, c'est un garçon, c'est Dieu qui nous l'envoie."
A cinq heures du matin, le canon retentit. On devait tirer douze coups pour la naissance d'une princesse et vingt quatre pour celle d'un prince. En un clin d'œil, malgré l'heure matinale, Paris est sur pied. Royalistes et révolutionnaires, tous écoutent, les uns avec l'espoir du dévouement, les autres avec les appréhensions de la haine. L'intervalle entre le douzième et treizième coup ayant été plus long que les autres, beaucoup de personnes furent saisies d'un effroi qui se changea bientôt en joie.
Le 1 er mai 1821 fut le jour choisi pour le baptême de l’enfant du miracle en l'église Notre- Dame. L'éducation de Henri V commença presque au sortir du berceau, on en surveilla jusqu'au moindres détails. Pas un de ses caprices qui ne fût réprimé, par un de ses défauts naissants qui ne fût corrigé; on avait trop à cœur de le voir, un jour, rappeler sur le trône les vertus de Saint Louis, de Louis XII et de Henri IV. Quand le cours de son éducation classique fut achevé, le Prince entreprit une série de voyages qui devaient compléter son éducation militaire et ses études politiques et lui faciliter l'usage des langues étrangères...
Frohsdorf :
C’est en 1839 que Jean-Casimir, duc de Blacas d’Aulps, homme de confiance du roi Charles X, fit l’acquisition pour la somme de 175.000 florins sur sa cassette personnelle du château et des terres de Frohsdorf et Pitten situées en Basse Autriche. Par testament, ce dernier laissera le domaine de Frohsdorf et ses terres à « Madame la Comtesse de Marnes, Marie-Thérèse de France, comme une partie de ce que j’ai eu du roi Louis XVIII ».
Ce n’est qu’en 1844, peu de temps après la mort de son oncle le duc d’Angoulême (Louis XIX - roi de France durant vingt minutes très exactement), que le duc de Bordeaux, qui était alors devenu chef de la maison de Bourbon, prenait officiellement le titre de comte de Chambord.
C’est à Frohsdorf que la famille royale, proscrite de France par Louis-Philippe, allait vivre pendant près de 40 ans, de 1844 à 1883, date de la mort du comte de Chambord. Dans cette demeure où « la Cour » allait, pour la première fois, pouvoir pleinement s’installer, le jeune prince, sa soeur la princesse Louise-Marie, future duchesse de Parme et sa tante la duchesse d’Angoulême que tout le monde appelait « La Reine » purent alors faire placer les souvenirs historiques et reliques royales miraculeusement rescapés des Tuileries, qui avaient pu les accompagner dans leur exil et auxquels s’étaient joint les nombreux cadeaux qu’avaient fait de fidèles serviteurs de la monarchie légitime.
La façade d’entrée du château se déploie sur 9 travées, elle est surmontée d’un important fronton, qui a conservé les grandes armes de France que le prince y fit apposer dès son arrivée, supporté par dix pilastres coiffés de chapiteaux d’ordre composite. Franchissant le porche d’entrée, le visiteur était accuelli par une imposante statue de Jeanne d’Arc, toujours aujourd’hui conservée dans une niche. Puis, il était reçu dans un vestibule ouvrant sur les salons de réception qui se succédaient en enfilade tout au long du rez-de-chaussée de l’aile du midi donnant sur un parc à la française.
Le grand salon ou salon rouge qui tirait son nom d’un ensemble de sièges précieusement garnis de tapisseries au petit point sur fond rouge exécutées par la duchesse d’Angoulême. C’est là qu’avaient été regroupés différents portraits historiques dont certains provenaient des collections de la duchesse de Berry.
L’enfilade des salons se terminait par le salon gris, celui-là même où s’éteignit Henri V le 24 août 1883. Après la mort du prince, la pièce avait été transformée en sanctuaire par la comtesse de Chambord. C’est dans ces salons que vivaient le comte et la comtesse de Chambord entourés de leurs neveux Bourbon-Parme qui à partir de 1864, date de la mort de leur mère, vinrent vivre le plus souvent à Frohsdorf. La pièce la plus émouvante du château de Frohsdorf était sans conteste la chambre où s’éteignit la duchesse d’Angoulême en 1851. La princesse y conservait dans une armoire reliquaire toute une série de pieux souvenirs lui rappelant la douleur de sa captivité au Temple.
Située dans l’aile Nord du château, la chapelle du château, qui était dédiée à Saint Jean, avait été transformée par le comte de Chambord en 1859 avec un décor de pilastres de marbre veiné rouge et de frises de stuc blanc et or mêlant fleurs-de-lys et croix de Saint Esprit tandis qu’au centre du plafond, une importante peinture figurait l’apothéose de l’empereur Saint Henri sous les traits du comte de Chambord en manteau royal.
La deuxième guerre mondiale n’épargnera pas le château de Frohsdorf. Il sera d’abord réquisitionné en 1941 par l’occupant allemand qui le transformera en hôpital militaire avant d’être contraint de le quitter en 1945 face à l’avancée des armées soviétiques. Ce sont les soldats russes qui vandalisèrent alors de nombreux tableaux de taille importante qui étaient restés dans la demeure tandis qu’ils brûlèrent ou pillèrent. Le château fut ensuite abandonné et fermé pendant dix ans avant d’être finalement récupéré en 1955 par les Postes autrichiennes. Il fera ensuite l’objet d’un programme complet de restauration qui sera effectué entre 1961 et 1968 pour un montant total de 72 millions de schillings autrichiens, avant d’être transformé en centre de formation des télécommunications. Les décors des salons de réception seront soigneusement reconstitués, la chapelle fera l’objet d’une restauration exemplaire mais les appartements des étages seront, eux, irrémédiablement détruits et cloisonnés pour être convertis en salles de réunion et chambres.
En 2005, les Postes autrichiennes ont revendu le château de Frohsdorf à un promoteur immobilier qui souhaitait transformer la demeure en appartements de luxe mais les travaux semblent aujourd’hui stoppés et le devenir de cette demeure chargée d’histoire semble aujourd’hui très incertain.
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