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30/05/2009

Introduction à la pensée légitimiste

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Pour des royalistes, poser le problème politique uniquement sous l’angle institutionnel Monarchie/République, n’est pas satisfaisant. Il est vrai que seule l’institution monarchique assure la pérennité de l’autorité politique, et de fait la continuité d’une politique dans un pays : c’est ce qui fit dire à S.S. Pie VI que « la monarchie était en théorie la meilleure forme de gouvernement » (Déclaration du 17 Juin 1793).

Cependant, le pouvoir quasi absolu d’un seul n’est pas le propre de la monarchie, loin de là : la république (Ve du nom) nous offre le spectacle d’un régime républicain ― donc de nature instable ― qui a voulu pallier ses défaillances chroniques par l’institution gaullienne d’une dictature plébiscitaire.

Cette dictature est nécessairement plus oppressive que l’Ancien Régime dans lequel des catégories de français structurées les corps intermédiaires gouvernant leurs intérêts catégoriels comme des corps sociaux organisés, concourraient presque toujours à l’intérêt général (au besoin avec l’arbitrage suprême du roi). Aujourd’hui, le pouvoir central se mêle de toutes choses, gouverne tout et tout seul, donc gouverne mal.

La légitimité politique se définit historiquement par le respect des lois fondamentales de France, le serment du Sacre, et l’application d’une politique légitime. Ainsi, Clovis devient en 496, le seul roi légitime parmi les rois barbares du fait de son baptême et non de sa force. Le baptême, la légitimité dynastique, ne suffisent pas : encore faut-il une politique légitime. C’est le grand message d’Henri V, qui n’a pas voulu être le souverain légitime de la Révolution (c’est le sens de son refus symbolique du drapeau tricolore).

La marque politique de l’Ancienne France, ce avec quoi la Révolution a opéré une rupture, c’est la conduite d’une politique dominée par le Droit naturel et chrétien. Si aujourd’hui, nous descendons dans l’arène politique comme royalistes, c’est pour faire triompher ce Droit naturel et chrétien, au sein du mouvement légitimiste et armés de l’immense héritage de la pensée de la monarchie traditionnelle française transmise par nos pères depuis Clovis.

Les dernières heures de Sa Majesté le Roy Louis XVI.

180px-Hanet_dit_Cl%C3%A9ry_par_Henri-Pierre_Danloux.jpgLe 20 janvier, le ministre de la Justice Garat vint signifier au Roy le décret qui le condamnait à mort. Le secrétaire du Conseil exécutif Grouvelle, chevrotant, lut la sentence. Le Roy l'écouta sans un mot. Il remit à Garat une lettre demandant un délai de trois jours pour se préparer à la mort, l'autorisation de revoir sa famille et d'appeler auprès de lui un prêtre de son choix. Pour ce ministère, il désignait l'abbé Henri Essex Edgeworth de Firmont. La Convention rejeta le délai, mais accorda les autres demandes. Le décret proposé par Cambacérès portait que «la nation française, aussi grande dans sa bienfaisance que rigoureuse dans sa justice, prendra soin de la famille du condamné et lui fera un sort convenable»

Ce « sort convenable », on le connaît…

Garat fit donc prévenir l'abbé Edgeworth et le ramena lui-même au Temple dans sa voiture. Le prêtre voulut échanger son habit bourgeois contre un costume ecclésiastique, mais Garat lui dit:

- C'est inutile, d'ailleurs le temps nous presse.

Le 20 janvier à six heures du soir, le confesseur entra chez le Roy. Tous les assistants s'étant écartés, ils restèrent seuls. Louis XVI parla un moment avec l'abbé et lui lut son testament. Puis il le pria de passer dans le cabinet voisin pour lui permettre de recevoir sa famille.

La porte s'ouvrit et la Reine entra, tenant son fils par la main ; derrière venaient Madame Elisabeth et Madame Royale. Tous pleuraient. Ils ne savaient rien de précis encore, mais ils craignaient le pire. Le Roy s'assit, entouré de son épouse et de sa soeur. Sa fille était en face de lui et il tenait l'enfant entre ses genoux. Avec de tendres ménagements, à voix basse, il les avertit. Par la porte vitrée, Cléry les vit s'étreindre en sanglotant.

Tenant ses mains dans les siennes, Louis XVI fit jurer à son fils de ne jamais songer à venger sa mort. Il le bénit et bénit sa fille. Par instants, il gardait le silence et mêlait ses larmes aux leurs. Cette scène poignante se prolongea plus d'une heure et demie… A la fin, quel que soit son courage, il n'en put plus. Il se leva et conduisit sa famille vers la porte. Comme ils voulaient rester encore et s'attachaient à lui en gémissant, il dit:


- Je vous assure que je vous verrai demain matin à huit heures.

- Vous nous le promettez? supplièrent-ils ensemble.

- Oui, je vous le promets.

- Pourquoi pas à sept heures? dit la Reine.

- Eh bien oui, à sept heures… Adieu.

Malgré lui, cet adieu rendit un son tel que les malheureux ne purent étouffer leurs cris. Madame Royale tomba évanouie aux pieds de son père. Cléry et Madame Elisabeth la relevèrent. Le Roy les embrassa tous encore, et doucement les poussa hors de sa chambre.

- Adieu, adieu, répétait-il, avec un geste navrant de la main.

Il rejoignit l'abbé Edgeworth dans le petit cabinet pratiqué dans la tourelle.

- Hélas, murmura-t-il, il faut que j 'aime et sois tendrement aimé!

Sa fermeté revenue, il s'entretint avec le prêtre. Jusqu'à minuit et demi, le Roy demeura avec son confesseur. Puis il se coucha. Cléry voulut lui rouler les cheveux comme d'habitude.

- Ce n'est pas la peine, dit Louis XVI.

Quand le valet de chambre ferma les rideaux, il ajouta : « Cléry, vous m'éveillerez demain à cinq heures.» Et il s'endormit d'un profond sommeil.

21 janvier 1793 :

A cinq heures, Cléry allume le feu. Au peu de bruit qu'il fait, Louis XVI ouvre les yeux, tire son rideau :


- Cinq heures sont-elles sonnées?

- Sire, elles le sont à plusieurs horloges, mais pas encore à la pendule.

- J'ai bien dormi, dit le Roy, j'en avais besoin, la journée d'hier m'avait fatigué. Où est Monsieur de Firmont?

- Sur mon lit.

- Et vous? où avez-vous dormi?

- Sur cette chaise.

- J'en suis fâché, murmure Louis XVI, soucieux toujours du bien-être de ses serviteurs.

- Ah, Sire, dit Cléry en lui baisant la main, puis-je penser à moi dans ce moment?

Il habille et coiffe son maître devant plusieurs municipaux qui, sans respect, sont entrés dans la chambre. Puis il transporte une commode au milieu de la pièce pour servir d'autel. Revêtu de la chasuble, l'abbé commence la messe, que sert Cléry. Le Roy l'entend à genoux et reçoit la communion, il remercie ensuite le valet de chambre de ses soins et lui recommande son fils.

- Vous lui remettrez ce cachet, vous donnerez cet anneau à la Reine, dites-lui que je le quitte avec peine… Ce petit paquet contient des cheveux de toute ma famille, vous le lui remettrez aussi. Dites à la Reine, à mes chers enfants, à ma soeur, que je leur avais promis de les voir ce matin, mais que j 'ai voulu leur épargner la douleur d'une séparation nouvelle…

Essuyant ses larmes, il murmure alors:

- Je vous charge de leur faire mes adieux.

Il s'est approché du feu, y réchauffe ses mains froides. Il a demandé des ciseaux pour que Cléry lui coupe les cheveux au lieu du bourreau. Les municipaux, défiants, les refusent.

Dans l'aube triste de ce dimanche d'hiver, un grand bruit environne la Tour. Alertées par la Commune, toutes les troupes de Paris sont sous les armes. L'assassinat, la veille au soir, de Lepeletier de Saint-Fargeau, l'exalté Montagnard, tué d'un coup de sabre par l'ancien garde du corps Deparis, a fait redoubler les précautions militaires. Partout les tambours battent la générale. Les sections armées défilent dans les rues, les vitres résonnent du passage des canons sur les pavés. A huit heures Santerre arrive au Temple avec des commissaires de la Commune et des gendarmes. Nul ne se découvre.

- Vous venez me chercher? interroge le roi.

- Oui.

- Je vous demande une minute.

Il rentre dans son cabinet, s'y munit de son testament et le tend à un municipal qui se trouve être le prêtre défroqué Jacques Roux.

- Je vous prie de remettre ce papier à la Reine… Il se reprend, et dit: « à ma femme. »

- Cela ne me regarde point, répond Roux. Je ne suis pas ici pour faire vos commissions, mais pour vous conduire à l'échafaud.

- C'est juste, dit Louis XVI.

Un autre commissaire s'empare du testament qu'il remettra non à la Reine, mais à la Commune *.

Louis XVI est vêtu d'un habit brun, avec gilet blanc, culotte grise, bas de soie blancs. Cléry lui présente sa redingote.


- Je n'en ai pas besoin, donnez-moi seulement mon chapeau.

Il lui serre fortement la main, puis, regardant Santerre, dit :

- Partons!

D'un pas égal, il descend l'escalier de la prison. Dans la première cour, il se retourne et regarde à deux reprises l'étage où sont les siens : au double roulement qui a retenti lorsqu'il a franchi la porte de la Tour, ils se sont précipités vainement vers les fenêtres, obstruées par des abat-jour.

- C'en est fait, s'écrie la Reine, nous ne le verrons plus!

Le Roy monte dans sa voiture, un coupé vert, suivi de l'abbé Edgeworth de Firmont. Un lieutenant de gendarmerie et un maréchal des logis s'assoient en face d'eux sur la banquette de devant. Précédés de grenadiers en colonnes denses, de pièces d'artillerie, d'une centaine de tambours, les chevaux partent au pas… Les fenêtres, comme les boutiques, par ordre restent closes. Dans la voiture aux vitres embuées, Louis, XVI la tête baissée, lit sur le bréviaire du prêtre les prières des agonisants.

Vers dix heures, dans le jour brumeux, la voiture débouche enfin de la rue Royale sur la place de la Révolution. A droite en regardant la Seine, au milieu d'un espace encadré de canons et de cavaliers, non loin du piédestal vide qui supportait naguère la statue de Louis XV, se dresse la guillotine. La place entière est garnie de troupes. Les spectateurs ont été refoulés très loin. Il ne sort de leur multitude qu'un faible bruit, fait de milliers de halètements, de milliers de soupirs. Tout de suite, sur un ordre de Santerre, l'éclat assourdissant des tambours l'étouffe…

L'exécuteur Sanson et deux de ses aides, venus à la voiture, ouvrent la portière ; Louis XVI ne descend pas tout de suite ; il achève sa prière. Au bas de l'échafaud, les bourreaux veulent le dévêtir. Il les écarte assez rudement, ôte lui-même son habit et défait son col. Puis il s'agenouille aux pieds du prêtre et reçoit sa bénédiction. Les aides l'entourent et lui prennent les mains.


- Que voulez-vous? dit-il.

- Vous lier.

- Me lier, non, je n'y consentirai jamais!

Indigné par l'affront, son visage est soudain devenu très rouge. Les bourreaux semblent décidés à user de la force. Il regarde son confesseur comme pour lui demander conseil. L'abbé Edgeworth murmure:

- Faites ce sacrifice, Sire; ce nouvel outrage est un dernier trait de ressemblance entre Votre Majesté et le Dieu qui va être sa récompense.

- Faites ce que vous voudrez, je boirai le calice jusqu'à la lie.

On lui attache donc les poignets derrière le dos avec un mouchoir, on lui coupe les cheveux. Puis il monte le roide degré de l'échafaud, appuyé lourdement sur le bras du prêtre. A la dernière marche il se redresse et, marchant d'un pas rapide, il va jusqu'à l'extrémité de la plate-forme. Là, face aux Tuileries, témoins de ses dernières grandeurs et de sa chute, faisant un signe impérieux aux tambours qui, surpris, cessent de battre, il crie d'une voix tonnante :

- Français, je suis innocent, je pardonne aux auteurs de ma mort, je prie Dieu que le sang qui va être répandu ne retombe jamais sur la France ! Et vous, peuple infortuné…

A cheval, Beaufranchet, adjudant général de Santerre, se précipite vers les tambours, leur jette un ordre. Un roulement brutal interrompt le Roy. Il frappe du pied l'échafaud :

- Silence, faites silence!

On ne l'entend plus. A quatre, les bourreaux se jettent sur lui, l'allongent sur la planche. Il se débat, pousse un cri… Le couperet tombe, faisant sauter la tête dans un double jet de sang qui rejaillit sur l'abbé Edgeworth. Sanson la prend et, la tenant par les cheveux, la montre au peuple. Des fédérés, des furieux escaladent l'échafaud et trempent leurs piques, leurs sabres, leurs mouchoirs, leurs mains dans le sang. Ils crient « Vive la nation! Vive la République! »

Quelques voix leur répondent. Mais le vrai peuple reste muet. Pour le disperser, il faudra longtemps… L'abbé descend de la plate-forme et fuit, l'esprit perdu. Une tradition lui a prêté ces mots, adressés au Roy comme adieu : “Fils de Saint Louis, montez au ciel!“

Source : Le Blog du Mesnil Marie