06/05/2011
Un Contre-Révolutionnaire Mussipontain
Jean-François Riolle est né le 06 janvier 1739 à Pont-à-Mousson, il est mort à Naples en 1806. Son père Pierre Riolle sert pendant dix ans dans le régiment des dragons de Beauffremont, prend part à toutes les campagnes du règne de Louis XV.
Homme de haute taille, d'apparence vigoureuse, d'allure élégante et aristocratique, Jean-François Riolle était engagé dans la Gendarmerie du Roi, il fut blessé durant la guerre de sept Ans. Il quitta l'armée et revint à Pont à Mousson en 1758. Il s'intéressa au commerce des marbres qu'il fit venir d'Italie jusque dans la région parisienne. En relation avec les grands sculpteurs de l'époque, Canova et Houdon, il peupla de statues en marbre les jardins du château de Brunoy (Essonne) appartenant au Comte de Provence, futur Louis XVIII et ceux du château de Canon en Normandie pour le comte de Beaumont, avocat au parlement de Paris. Il obtint la charge de Contrôleur Général des marbres du Roi. Anobli par Louis XVI, il porta désormais le nom de Trouard de Riolle. Le Roi le fit Chevalier de Saint-Louis, Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, puis du Saint-Sépulcre et de Jérusalem. Il fut nommé dans le même temps Conseiller du Roi.
Nommé maire-royal par un édit de mars 1774, il s'attacha à l'embellissement de sa ville Pont-à-Mousson : il fit construire les casernes à l'emplacement de l'ancien château ducal (hôpital actuel) pour éviter aux habitants le logement des gens de guerre. Il fit aménager deux digues : les boulevards actuels pour éviter à la ville les inondations qui la ravagaient périodiquement. En 1776, il obtint la création de l'Ecole Royale Militaire pour compenser la perte de l'Université. Il fit aménager au bas de la Côte de Mousson une nécropole destinée à remplacer les multiples cimetières établis autour des paroisses et des monastères.
Les travaux d'assainissement et d'embellisement de la cité lui permettaient d'utiliser une main d'oeuvre inoccupée et de lutter contre la misère, suivant en cela l'exemple donné par de nombreux grands Seigneurs de l'époque. En même temps qu'il s'occupe de la ville, il se plaît à embellir sa propre demeure.
Le Château de Riolle
A la mort de Pierre Fourier, la Congrégation des chanoines réguliers comptait sept abbayes "réformées". Le nombre des frères au séminaire de Pont à Mousson atteignait 108 sous le généralat du Père Achille-François Massu de Fleury (1692).
Lorsque la Lorraine fut rattachée à la France, les congrégations furent tenues de soumettre leurs constitutions à l'approbation royale. La Galaizière, Intendant de Lorraine et Barrois, imposa un général qui fut agrée par les chanoines mussipontains : le Père de Saintignon. Par leur complaisance, les chanoines réguliers avaient bien mérité de Sa Majesté qui les récompensa en leur offrant la direction des collèges d'Epinal et de Pont-à-Mousson, qu'ils acceptèrent. Le séminaire de Saint-Nicolas s'installa en 1776 sur la rive droite de la Moselle dans les anciens bâtiments de l'Université, abandonnés par les jésuites. Ils prirent également la direction de l'ecole Royale Militaire, créee par ordonnance de Louis XVI en date du 1er février 1776, et quelques années plus tard, administrèrent la cure de Saint-Martin. Le monastère de la tour de Prague fut donné par le Roi à la ville, qui le mit en vente. "Les bâtiments", cours et jardins appartenant aux ci-devant chanoines réguliers de pont-à-mousson (sont décrits) sur le plan levé sur les ordres de la Galaizière, à l'occasion de la division faite en dix parties qu'on propose de vendre en gros ou en détail. Le tout cotté relativement au procès verbal d'estimation des 5 et 6 février - en date du 10 février 1778". Ce fut le Chevalier Jean-françois Trouard de Riolle, maire royal de pont-à-mousson, qui fit l'acquisition du tout.
Le château devait donc son nom à Jean-François de Riolle, dernier maire royal de la ville.
Un Royaliste libéral, devenu Contre-Révolutionnaire.
Séduit dans un premier temps par les « idées nouvelles », il fut élu député de Saint-Mihiel et Pont à Mousson aux Etats-Généraux de 1789, ayant par la suite compris la plaie profonde faite à la société et deviné une partie des excès qui allaient être commis à travers le processus révolutionnaire, il démissionna de ses fonctions de maire la même année.
Aussi le 9 septembre 1789, il écrivait aux conseillers une lettre dans laquelle il donnait sa démission de maire : « Je ne puis plus, écrivait-il, conserver la place de maire, parce que je vois que tous les corps politiques deviennent agresseurs et c'est pourquoi j'envoie ma démission. Partisan de la liberté publique, je ne connais de puissance que la loi et le Roi. » Signé : Trouard de Riolle. (Archives municipales. registre 1789)
Dès lors, les institutions Monarchiques menacées, son parcours ressemble étonnamment à celui du Marquis de la Rouërie..., et comme lui, comprenant le danger que courait la royauté et avec elle la France, il termine par basculer complètement dans le camp de la Contre-Révolution. Dès la fin de l'année 1789, il entretenait avec le Roi des intelligences secrètes, et lui servait d'observateur à l'Assemblée. Lorsque le 20 juin 1791 eut lieu la fuite de Varennes, on ouvrit aux Tuileries l'armoire de fer où Louis XVI conservait ses papiers personnels. On y trouva entre autres des bulletins envoyés au Roy concernant les députés de l'Assemblée Constituante, un du 5 octobre 1789 indiqué par le monarque lui-même "être du Sieur de Riolle".
Le Chevalier de Riolle fut arrêté à Bourgoin (Isère) le 8 juillet 1790 alors qu'il se rendait à Turin auprès du comte d'Artois, futur Charles X. On trouva sur lui des documents compromettant visant à opérer une Contre-révolution en Lorraine. Traduit devant le tribunal révolutionnaire, il échappa de très peu à la guillotine. Il émigra alors en Autriche avec ses deux fils, puis en Italie. Pendant la terreur, il fut Colonel au service de l'empereur d'Autriche. Il mourut à Naples en septembre 1806.
Un Complot Contre-Révolutionnaire en 1790
Pour en savoir plus sur le parcours du Chevalier Trouard de Riolle, il existe un livre publié en 1954 intitulé « Un Complot Contre-Révolutionnaire en 1790 ». Ce livre a été rédigé par Yvonne Trouard de Riolle, descendante du dernier maire royal de Pont-à-Mousson.
Difficile cependant de se faire une idée précise de ce personnage. Il est délicat d'en faire un héros sans reproche de la Contre-Révolution, ses relations avec le Comte de Mirabeau d'avant 1789 restent tout de même plus que douteuses...