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04/10/2012

La patrie trahie par la République

jean_raspail.jpgJ’ai tourné autour de ce thème comme un maître-chien mis en présence d’un colis piégé. Difficile de l’aborder de front sans qu’il vous explose à la figure. Il y a péril de mort civile. C’est pourtant l’interrogation capitale. J’ai hésité. D’autant plus qu’en 1973, en publiant Le Camp des saints, j’ai déjà à peu près tout dit là-dessus. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, sinon que je crois que les carottes sont cuites.

Car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu’«ils sont chez eux chez moi» (Mitterrand), au sein d’une «Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes» (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les «Français de souche» se compter seulement la moitié – la plus âgée – de la population du pays, le reste étant composé d’Africains, Maghrébins ou Noirs et d’Asiatiques de toutes provenances issus du réservoir inépuisable du tiers monde, avec forte dominante de l’islam, djihadistes et fondamentalistes compris, cette danse-là ne faisant que commencer.

La France n’est pas seule concernée. Toute l’Europe marche à la mort. Les avertissements ne manquent pas – rapport de l’ONU (qui s’en réjouit), travaux incontournables de Jean-Claude Chesnais et Jacques Dupâquier, notamment -, mais ils sont systématiquement occultés et l’Ined pousse à la désinformation. Le silence quasi sépulcral des médias, des gouvernements et des institutions communautaires sur le krach démographique de l’Europe des Quinze est l’un des phénomènes les plus sidérants de notre époque. Quand il y a une naissance dans ma famille ou chez mes amis, je ne puis regarder ce bébé de chez nous sans songer à ce qui se prépare pour lui dans l’incurie des «gouvernances» et qu’il lui faudra affronter dans son âge d’homme…

Sans compter que les «Français de souche», matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l’homme, de «l’accueil à l’autre», du «partage» cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites «antiracistes», conditionnés dès la petite enfance au «métissage» culturel et comportemental, aux impératifs de la «France plurielle» et à toutes les dérives de l’antique charité chrétienne, n’auront plus d’autre ressource que de baisser les frais et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule «citoyen» du Français de 2050. Ne désespérons tout de même pas. Assurément, il subsistera ce qu’on appelle en ethnologie des isolats, de puissantes minorités, peut-être une quinzaine de millions de Français – et pas nécessairement tous de race blanche – qui parleront encore notre langue dans son intégrité à peu près sauvée et s’obstineront à rester imprégnés de notre culture et de notre histoire telles qu’elles nous ont été transmises de génération en génération. Cela ne leur sera pas facile.

Face aux différentes «communautés» qu’on voit se former dès aujourd’hui sur les ruines de l’intégration (ou plutôt sur son inversion progressive: c’est nous qu’on intègre à «l’autre», à présent, et plus le contraire) et qui en 2050 seront définitivement et sans doute institutionnellement installées, il s’agira en quelque sorte – je cherche un terme approprié – d’une communauté de la pérennité française. Celle-ci s’appuiera sur ses familles, sa natalité, son endogamie de survie, ses écoles, ses réseaux parallèles de solidarité, peut-être même ses zones géographiques, ses portions de territoire, ses quartiers, voire ses places de sûreté et, pourquoi pas, sa foi chrétienne, et catholique avec un peu de chance si ce ciment-là tient encore.

Cela ne plaira pas. Le clash surviendra un moment ou l’autre. Quelque chose comme l’élimination des koulaks par des moyens légaux appropriés. Et ensuite?

Ensuite la France ne sera plus peuplée, toutes origines confondues, que par des bernard-l’ermite qui vivront dans des coquilles abandonnées par les représentants d’une espèce à jamais disparue qui s’appelait l’espèce française et n’annonçait en rien, par on ne sait quelle métamorphose génétique, celle qui dans la seconde moitié de ce siècle se sera affublée de ce nom. Ce processus est déjà amorcé.

Il existe une seconde hypothèse que je ne saurais formuler autrement qu’en privé et qui nécessiterait auparavant que je consultasse mon avocat, c’est que les derniers isolats résistent jusqu’à s’engager dans une sorte de reconquista sans doute différente de l’espagnole mais s’inspirant des mêmes motifs. Il y aurait un roman périlleux à écrire là-dessus. Ce n’est pas moi qui m’en chargerai, j’ai déjà donné. Son auteur n’est probablement pas encore né, mais ce livre verra le jour à point nommé, j’en suis sûr…

Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’éternelle qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé. Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’Etat (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces «intelligents» qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l’organisme encore sain de la nation française.

Même si je peux, à la limite, les créditer d’une part de sincérité, il m’arrive d’avoir de la peine à admettre que ce sont mes compatriotes. Je sens poindre le mot renégat, mais il y a une autre explication: ils confondent la France avec la République. Les «valeurs républicaines» se déclinent à l’infini, on le sait jusqu’à la satiété, mais sans jamais de référence à la France. Or la France est d’abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n’est qu’une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d’idéologie, idéologie avec un grand «I», l’idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu’ils trahissent la première pour la seconde.

Parmi le flot de références que j’accumule en épais dossiers à l’appui de ce bilan, en voici une qui sous des dehors bon enfant éclaire bien l’étendue des dégâts. Elle est extraite d’un discours de Laurent Fabius au congrès socialiste de Dijon, le 17 mai 2003: «Quand la Marianne de nos mairies prendra le beau visage d’une jeune Française issue de l’immigration, ce jour-là la France aura franchi un pas en faisant vivre pleinement les valeurs de la République…»

Puisque nous en sommes aux citations, en voici deux, pour conclure: «Aucun nombre de bombes atomiques ne pourra endiguer le raz de marée constitué par les millions d’êtres humains qui partiront un jour de la partie méridionale et pauvre du monde, pour faire irruption dans les espaces relativement ouverts du riche hémisphère septentrional, en quête de survie.» (Président Boumediene, mars 1974.)

Et celle-là, tirée du XXe chant de l’Apocalypse: «Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée.»

 


Jean Raspail


Source : http://jeanraspail.free.fr/divers18.htm

Commentaires

Texte d'une extrême lucidité, irréprochable, malheureusement véridique. Il n'y a rien à ajouter, ni à retrancher, tout est là. Mais j'ose croire à la "Reconquista" ! C'est notre ultime espoir. Et cet espoir ne se reconnait que dans la Restauration de la royauté à la française : la monarchie traditionnelle légitimiste. Tout autre recours serait illusoire, donc vain.

Écrit par : Philippe | 05/10/2012

Dieu, quelle lucidité quand au devenir de notre civilisation, que de désillosions pour les générations à venir ! Notre seul espoire, réside en notre Foi et le retour de la Royauté. Pour Dieu et le Roi

Écrit par : vernier jacques | 06/10/2012

Tout ceci est juste. Mais j'aimerais rajouter ceci : La République a failli dans son "égalitarisme " idéologique et elle s'enfonce ...
chaque jour passant " l'ennemi " malheureusement gagne du terrain, nous en sommes averti chaque jour en écoutant les médias sur les problèmes dits de société. C'est à nous tous d'essayer d'inverser la situation, ce qui devrait être pénible mais pas irréalisable politiquement ou bien qu'un jour trop exaspérés , la fin justifiant les moyens, nous prenions notre destin plus violemment, comme peut être Jean RASPAIL le suggérait à demi mot ....

Écrit par : jean Fleurdelys | 13/10/2012

Pas grand chose de catholique dans ce pensum... Dénoncer le mal oui mais si c'est pour dévier les bonnes âmes vers la haine et le rejet de l'autre...

C'est un piège que de lire des ouvrages qui peuvent paraitre pertinents au premier abord mais qui en réalité dessert vos intérêts. N'oubliez pas que "vos ennemis" ne sont pas tous de gauche et que la secte est multiforme. Il y a ceux à tendance "fasciste" de type gnostique et ceux à tendance "humaniste".

Surtout ce livre fait le bonheur de cette première faction qui n'est pas à proprement parler "légitimiste". Vouloir distinguer des locaux et des étrangers sur des bases ethniques est une erreur. Une volonté de pureté raciale n'a rien de catholique. Une volonté de repli identitaire n'a rien de catholique.

L'étranger n'est pas un adversaire à abattre. Si celui-ci est en danger il faut l'aider. Le laisser mourir est un crime.

Vous savez ce genre de propos dessert votre cause et éloigne les "bonnes volontés".

Écrit par : columbo | 19/09/2014

Cher Columbo
Il y a en politique ce qui se nomme pudiquement "La Raison d’État" et ce que la sagesse populaire décline sous forme de dicton "Charité bien ordonnée commence par soi même".
Certes il n'est pas chrétien de ne pas accueillir l'étranger, mais doit-on ouvrir sa demeure au premier venu sans même s'assurer de ses intentions ? Ce dernier n'a-t-il pas le devoir de se conformer aux us et coutumes de ceux qui l'accueille ? Un chef de famille responsable doit-il exposer les siens au danger sous prétexte de charité chrétienne ?
Rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, autrement dit le devoir du chrétien ne doit pas occulter ses obligations envers les siens, son pays (sa patrie, sa famille, son roi). Seul le fort peut secourir le faible, ce n'est pas en se dépouillant de ses biens que l'on peut faire la charité, mais bien en étant un gestionnaire responsable que l'on est en mesure d'aider.
Ce n'est pas en abandonnant notre culture, nos traditions, notre identité, notre Histoire que nous soulagerons toute la misère du monde. Bien au contraire ! Soyons un exemple de fierté de notre civilisation, de notre religion qui a donné tant de saints et saintes à l’Église, soyons conscient de nos compétences, fiers de nos traditions dans tant de domaines qui ont inspirés d'autres pays. Honorons nos ancêtres en perpétuant nos traditions qui sont l'ossature de ce pays magnifique ! Tellement magnifique qu'il est, malgré son déclin annoncé, le pays le plus visité au monde.
Ce pays a d'immenses ressources, il peut encore offrir beaucoup si on le laisse être lui même.
Je ne comprend pas pourquoi ces politiciens s'acharnent à l'enlaidir en niant son passé monarchique et en voulant le transformer en un meltingpot sans âme.
De Gaule a aimé la France, ses successeurs n'ont eut qu'une ambition...s'accaparer le pouvoir pour le pouvoir et ils nous en font la démonstration tous les jours. Cette lignée de vorace ne s'éteindra pas de sitôt. Hélas !!!
Dieu sauve la France ! Vive le Roy Louis XX de Bourbon !

Écrit par : Ivannick | 20/09/2014

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