10/04/2010
La Doctrine des deux Glaives
La Doctrine des deux Glaives
Qui connaît cette doctrine traditionnelle de l' Eglise? Elle dérange, en effet. Elle dérange car elle donne au Pape en quelque sorte un droit de regard sur l' activité des chefs laïcs. Il faut bien le comprendre: le Pape n' a pas à gouverner les institutions humaines confiées aux laïcs. Néanmoins, il a un certain droit de regard...
Qui s' en souvient encore?
Le Christ est Roi. Il est Roi par nature, en tant que Créateur, et par conquête, puisqu' il nous a rachetés par son Sang. Autrement dit toutes nos actions, privées et publiques, doivent lui revenir et ainsi que celles des gouvernants.
Le Pape est Son représentant. Au nom de Dieu, le Pape doit gouverner les hommes… Mais il doit le faire de deux manières. D' abord, il gouverne directement (Enseignement et Sacrements) les fidèles par le biais du Clergé. Enfin, indirectement.: en effet, les chefs laïcs sont redevables à Dieu, et donc à Son Eglise, en raison du pêché. Sans se mêler du gouvernement des hommes, l' Eglise a cependant le droit de juger la conduite de leurs chefs.
Rappel : La Doctrine des Deux Glaives est également nommée Doctrine Politique et Sociale de l'Eglise. Elle se trouve codifiée par Boniface VIII dans sa bulle de 1302 : Unam sanctam et concerne les laïcs qui ont une responsabilité civique. Elle rappelle enfin avec force que le pape a un pouvoir de juridiction direct et indirect.
Le pouvoir indirect du Pape sur les Rois se fonde sur deux motifs :
1- la supériorité de la fin de l'Autorité spirituelle (qui a les promesses de la vie éternelle) sur l'Autorité temporelle
2- le pêché originel qui fonde l'Eglise à contrôler l'action du chef laïc, " in ratione peccati " en raison du peché.
C'est ce qui a permis aux papes de " déposer " certains Rois. Le prince est déposé. C'est à dire que le pape fait savoir à ses sujets que leur monarque a gravement pêché, ne s'est pas repenti et qu'ainsi l'autorité lui est enlevée par Dieu. Ceci dit, le Pape n'a pas de pouvoir politique. Dieu ne lui a pas donné comme pouvoir, celui d'intervenir dans la gestion des institutions en tant que décideur politique. Son pouvoir se borne à contrôler si le gouvernant gouverne chrétiennement son royaume.
Le Cardinal Pie écrivait : " Vouloir que l'Eglise de Jésus-Christ se démette du droit et du devoir de juger en dernier ressort de la moralité des actes d'un agent moral quelconque, particulier ou collectif, père, maître, magistrat, législateur, même roi ou empereur, c'est vouloir qu'elle se nie elle-même, qu'elle abdique son essence, qu'elle déchire son acte d'origine et les titres de son histoire, enfin qu'elle outrage et mutile Celui dont elle tient la place sur terre. " On ne saurait mieux dire.
Ce n'est pas la doctrine d'une théocratie (Islam…) Une théocratie, en effet, est la forme de gouvernement sur laquelle le Prince est roi et prêtre en même temps. Il y a, là, confusion des pouvoirs. Il n'en va pas de même en Chrétienté. La Doctrine des Deux Glaives exprime une union et une distinction des pouvoirs. Boniface VIII écrit : " Les deux glaives, le glaive spirituel et le glaive temporel, sont donc au pouvoir de l'Eglise. le premier est manié par l'Eglise, le second pour l'Eglise ; le premier par les prêtres, le second par les rois et les chevaliers."
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