25/06/2013
Saint Livier, le héros de 451
Dès les premiers siècles, des missionaires avaient été envoyés de Rome dans les Gaulles pour les évangéliser et pour ériger des églises épiscopales dans ses principales cités.
Le pays des Médiomatriciens, dont Metz était la capitale et qu'une voie importante mettait en communication avec Rome, ne fut pas oublié par ceux qui gouvernaient l'Eglise catholique, l'un des premiers, il accepta l'Evangile et reconnut la puissance spirituelle du saint-siège. L'évêque missionaire de Metz s'appelait Clemens Flavius et appartenait à une famille sénatoriale de Rome. Ses successeurs, à son exemple, devinrent des saints et en formèrent plusieurs que l'Eglise honore. Le plus ancien de nos historiens, Paul Diacre, nous a donné sur quelques uns d'entre eux de précieux renseignements. Or parmi ces héros, sanctifiés et honorés, nous voyons figurer celui que nos pères appelaient : Monseigneur Saint Livier, fils de Honstrand seigneur du pays messin et de Guinarde de Gournay. Soldat martyr, particulièrement vénéré dans les Evéchés de Metz, Toul et Verdun, dans toute la région qui environne l'abbaye de Salival et la vallée de la seille.
D'après les Bénédictins, qui ont écrit l'histoire de Metz en 1775, saint Livier naquit au Vème siècle et son martyre eut lieu à l'époque de l'invasion des Huns commandés par Attila en 451. Metz, capitale des Médiomatriciens, que Ptolémée, dans sa géographie, nomme Divodurum Mediomatricorum, se distinguait entre toutes les autres villes, par son importance et sa population. Elle était l'un des principaux et des plus anciens établissements celtiques. Elle se trouvait au centre de la grande nation des médiomatriciens.
Respectée de ses dominateurs, elle avait sous sa dépendance des milices bien organisées, aguerries et commandés par de véritable hommes de guerre. Dans ces conditions on comprend qu'elle ait pu essayer de résister au flot des barbares qui l'inonda à la veille de Pâques en 451. Les Médiomatriciens se levèrent en masse pour repousser les envahisseurs et succombèrent glorieusement sous le nombre. Les églises et les sanctuaires furent détruits. Seul, le premier oratoire chrétien, élevé en l'honneur de Saint Etienne, fut sauvé, par l'intervention miraculeuse de Saint Clément, son fondateur.
Le Château de Ladonchamps, qui faisait autrefois parti du patrimoine de saint Livier, a été cédé par un Gournay à la famille Lefebvre. (1)
L'armée Messine était d'environ quarante mille hommes. Cette armée se recrutait dans une population calme et paisible, peu remuante et peu ambitieuse, mais courageuse et ferme à l'heure du péril. La situation de Metz avait fait de la ville une forteresse bien gardée, et, de ses défenseurs, de bons et vaillants soldats qui ne redoutaient ni les surprises, ni les attaques, ni le nombre des ennemis.
Saint Livier, jeune chef fut bientôt apprécié et aimé de ses soldats. On connaissait sa justice et son courage; il ne compta bientôt plus dans toutes l'armée que des coeurs qui lui étaient acquis. Il se mis avec un grand zèle à organiser, à instruire et à discipliner ses troupes; il veillait à tous leurs besoins, s'occupant des moindres détails, il se mêlait à ses soldats, les encourageait et développait leurs qualités militaires. Enfin chaque jour on sentait se resserrer les liens qui unissaient le jeune chef à son armée.
Maintenant si nous jetons un coup d'oeil sur l'état des esprits dans tout le pays messin, nous voyons la population inquiète et en proie a de tristes pressentiments. Les âmes pieuses redoutaient de grands malheurs; elles étaient convaincues que la société, amollie par la civilisation de l'empire des Césars, était en décadence et que Dieu voulait la transformer. On ajoutait à ces présages, que seule l'église de Saint Clément serait épargnée, pour perpétuer la mémoire de son apostolat à Metz.
Vers 445, Attila règnait sur les Huns, peuple d'origine scytique établi dans la Pannonie. Il était le maître absolu d'un peuple nombreux qui ne se contentait plus d'adorer les idoles des anciens païens, mais qui rendait son hommage et son culte à la divinité sous le symbole d'une épée. Ce peuple répandu sur une grande partie de l'Europe, détruisait, ravageait, brûlait tout sur son passage : plus de cinq cents villes où places fortes avaient disparu, emportées par ce torrent dévastateur. En peu d'années cette multitude étendit sa domination sur toutes les provinces d'Allemagne et sur une grande partie de la Russie. On sait que les Gaulles ne furent pas épargnées.
A la fin de l'hiver 451, les Huns se répandrient dans le bassin de la Moselle et dans les plaines de la Seille, au nombre de cinq cent mille combattants. Saint Livier, le chef messin réserva toutes ses forces pour défendre la capitale. Tous ses soins et toute sa sollicitude se concentrèrent sur ce point important. Les remparts étaient réparés, la forteresse pourvue de tous les engins et des munitions de guerre, les première attaques repoussées : habitants et soldats rivalisaient de courage et de zèle. Saint Livier montra tout ce qu'on peut attendre d'un héros chrétien, il releva le courage de ses compatriotes. A la tête d'une poignée de braves, résolus comme lui, de vaincre où de mourir pour la cause de Dieu et de la patrie, il fit une sortie et attaqua avec tant d'impétuosité et de succès un corps d'armée ennemi, qu'il le tailla en pièces après en avoir tué le chef de sa propre main. Mais après des prodiges de valeurs, Livier succomba sous le nombre. Il déploya pendant la mêlée, une intrepidité et une audace surhumaines qui l'entrainaient au milieu des barbares et les remplissaient eux mêmes d'admiration et de crainte. Saint Livier enveloppé avec sa petite troupe par une nuée de barbares, fut pris les armes à la main. Il ne restait plus de ses glorieux compagnons que quelques survivants couverts de blessures et de sang. On les chargea de chaînes, on voulu les faire abjurer la religion chrétienne. Ce fut en vain que l'on employa les promesses et les menaces la plupart moururent dans les tourments. Saint Livier demeura inébranlable.
Les Huns s'emparèrent de la ville et de la citadelle qu'ils réduisirent en cendres. La Chapelle de Saint Etienne seule resta debout au milieu des ruines.
Après la défaite des Champs catalauniques les Huns décident de se venger en massacrant leurs prisonniers. Livier est amené dans une grande prairie, il était plein de calme et de majesté, il regardait le mort en face avec la fermeté du soldat et la douceur d'un saint. Sur un ordre de ses chefs, un Hongre le décapite alors qu'il est en prière. Il ne s'effondre pourtant pas. Il se relève, prend sa tête tombée sur le sol et, à pas lents, se dirige vers une colline proche où il finit par se coucher sur le sol. Les Huns, térrifiés à la vue du martyre qui ne tombait pas comme un mort, se dispersèrent ausitôt. Les habitants de vallée de la Seille acoururent pour procéder à ses funérailles. Ils empruntèrent des briques à une construction abandonnée et élevèrent un tombeau à l'endroit même ou le saint s'était arrêté, et ou sa tête en touchant la terre avait fait jaillir une source d'eau vive, disent les chartes de Saint Arnould. La dépouille du saint y fut pieusement déposée , on planta quelques arbustes pour indiquer aux pèlerins la place ou reposait saint Livier. On voit en plusieurs endroits de la Chrétienté, des puits qui doivent leur célébrité à de semblables prodiges que Dieu a opérés pour honorer ses saints.
La chapelle bâtie sur le tombeau du martyr a traversé les siècles et n'a eu à subir ni destruction ni la ruine, plus heureuse que l'abbaye Salivale, sa voisine de qui elle dépendait et qui a disparu pendant la tourmente révolutionnaire.
Livier est le héros chrétien du siège de 451. Son martyr a un sens, il tend à expliquer que, malgré tous les désastres, la foi sauve, qu'elle demeure plus forte que la mort. Sur le mont Saint-Jean, près de Marsal et de Moyenvic, la chapelle et la source Saint-Livier perpétuent son souvenir.
Source : "La vie de Saint Livier" par Monsieur l'Abbé de Tinseau (1886).
(1) Sur la gauche de ce dessin, seule subsiste actuellement la petite chapelle castrale de la Nativité de la Très-Sainte-Vierge-Marie. L'héritier des marquis de Ladonchamps mettra celle-ci à la disposition de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X pour ses messes dominicales.
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