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04/07/2011

« Le Légitimisme »

le légitimisme,stéphane rialsNous reproduisons ci-dessous un court extrait du livre « Le Légitimisme » de Stéphane Rials. Ce passage traite de l’argumentaire récurrent mis en avant par les partisans de l’Orléanisme, visant à bafouer les droits des Bourbon-Anjou sur la couronne de France. Nous invitons nos lecteurs à s’inspirer du développement fait ici, et à utiliser le solide argumentaire juridique suivant pour continuer à défendre « le principe » qui était comme nous le savons, si cher au Comte de Chambord :

Dès après la mort de Henri V, les légitimistes se rallièrent à l’aîné des Bourbon-Anjou en s’appuyant sur une démonstration juridique irréfutable. Reprise par les historiens du droit, elle compte deux volets. Partant de l’aînesse des Anjou sur les Orléans, elle réfute deux objections : l’une touchant aux renonciations d’Utrecht et l’autre à un prétendu vice de pérégrinité.

a)      Comme on le sait, le duc d’Anjou, petit fils de Louis XIV, devint roi d’Espagne sous le nom de Philippe V en 1700. Cette élévation suscita une longue guerre, conduite au premier chef par l’Angleterre, qui se termina, après plusieurs défaites françaises, par les traités d’Utrecht, de Rastadt et de Bade, reconnaissant la royauté espagnole de Philippe à la condition qu’il renonce pour lui et ses descendants à ses droits sur la couronne de France. L’opération fut en vérité complexe : Philippe V renonça en novembre 1712 devant les Cortès qui enregistrèrent l’acte ; Louis XIV dut aussi donner des lettres patentes enregistrées par le Parlement en mars 1713. La paix fut signée à Utrecht le 11 avril 1713. Louis XIV et son petit-fils avaient toutefois fait observer qu’une telle renonciation était sans valeur. Non seulement la violence viciait le consentement de Philippe. Mais surtout, ce prince n’avait pas la capacité de renoncer à la couronne dans le cadre de la théorie statuaire. La monarchie française est successive et non héréditaire. La couronne est indisponible : le roi est désigné par la loi de succession et non propriétaire du trône. Les légistes ne varièrent jamais sur ce point depuis Terre-Rouge. N’ayant qu’une compétence, virtuelle et indépendante de sa volonté, Philippe V ne pouvait valablement renoncer pour lui-même et a fortiori pour ses successeurs.

 

b)      Certains invoquent cependant un prétendu vice de pérégrinité : le caractère « Espagnol »  des Anjou les exclurait automatiquement de la succession de France. M.Augé a démontré le caractère anachronique et extérieur à la tradition royale française d’une telle règle de nationalité. L’ancien droit n’admettait qu’un principe de sanguinité, ce qu’attestent les précédents de François II, roi d’Ecosse, de Henri III, roi de Pologne et de Henri IV, roi de Navarre à la seconde génération. D’ailleurs, les renonciations d’Utrecht démontrent à elles seules qu’on ne croyait pas, dans l’Europe du XVIIIe, au vice de pérégrinité. Sur tous ces points, les sentiments des rois de France comme des publicistes furent unanimes avant la révolution. La Constituante elle-même devait insérer dans l’article Ier du titre III de la Constitution de 1791, qu’il  « n’était pas préjugé de la valeur des renonciations dans la race actuelle régnante ». Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il y eut, selon l’expression de M.Augé, « estompage du droit traditionnel ». Ce qui n’empêcha pas Louis XVIII, la duchesse de Berry ou des publicistes comme Michaud, Revelière, Lourdoueix, Carrière, Coquille et tant d’autres, de maintenir les positions du droit traditionnel.

comte de chambordLes sentiments du comte de Chambord, souvent invoqués par les « fusionnistes » et les orléanistes, outre le fait qu’ils n’étaient pas susceptibles d’avoir une incidence sur le point de droit, n’étaient pas ceux que l’on prétend souvent.

En dépit de l’évident intérêt politique qu’il y aurait eu pour lui à parler en faveur des Orléans., il s’y refusa toujours. Il rappela qu’il y avait une règle de succession qu’il faudrait appliquer à sa mort. Les témoignages intéressés de certains sont sans valeur et infirmés par les aumôniers d’Henri, Mgr Curé et le P.Bole, comme par son exécuteur testamentaire Huet du Pavillon : tous affirment qu’il reconnaissait les droits des Anjou. D’ailleurs, par testament, Henri léguait à don Jaime les archives royales et les croix des ordres. Et il réglait ses obséques en désignant « pour prendre la tête du convoi (ses) neveux les princes d’Espagne ». Sa veuve voulut faires respecter ce vœu selon la formule du baron de Pinoteau, était la « démonstration que l’ordre dynastico-politique découlait de l’ordre familial ». Ce fut ainsi l’aîné de tous les Bourbons, don juan - Jean III - qui conduisit le convoi à Goritz. Les Orléans furieux n’assistèrent pas à la cérémonie...

 

15/06/2011

ET SI LE COMTE DE CHAMBORD AVAIT EU RAISON ?

comte de chambordNombreux sont les historiens et les politiques qui rendent le petit-fils de Charles X responsable de l'échec des tentatives de restauration monarchique du XIXè siècle. Le duc de Castries, dans son ouvrage intitulé Le grand refus du Comte de Chambord, s'est montré un des plus critiques envers le Prince, traçant de lui un portrait sans concession et par là sans justice. Qu'il suffise, pour s'en convaincre, de retenir la conclusion de l'académicien :  "… par son attitude, le Comte de Chambord a pris, à l'égard de sa patrie, une responsabilité plus grande que toutes celles assumées par ses trente-six prédécesseurs". Après un tel réquisitoire, la cause paraît entendue. Pour ses détracteurs donc, le descendant de saint Louis, par son incompréhension et son obstination, a signé l'arrêt de mort de la lignée capétienne !

Cependant, aujourd'hui, alors que le temps a fait son oeuvre et apaisé les esprits, il s'avère possible de porter un jugement plus équitable sur le comportement de l'exilé de Frohsdorf. Ceci d'autant mieux que le spectacle des monarchies européennes subsistantes montre clairement, chez nos voisins, comment les institutions royales ont évolué.

Pour beaucoup, le problème du retour aux affaires de la branche aînée des Bourbons, après 1830, tient en cette formule lapidaire : " Le Prince ne veut pas du drapeau tricolore." La réalité, comme souvent dans les choses humaines, est plus complexe. Derrière cette querelle se profile l'opposition irréductible entre deux conceptions politiques, celle du Prince attaché au rétablissement de la monarchie traditionnelle et celle des "orléanistes", épris de libéralisme, prêts à faire endosser au futur souverain les habits de la Révolution ; non certes ceux de la Terreur sanglante de 1794 mais au moins ceux de la prise de la Bastille et de la Fête de la Fédération. Henri V avait vu clairement que la défense de la nature même de la royauté et celle du drapeau blanc participaient d'un unique combat : " Le drapeau est le symbole, l'expression extérieure du principe ; il est la manifestation devant le peuple, la seule qu'il voie, la seule qui ait pour lui une signification décisive et voilà pourquoi le principe et le drapeau ne peuvent être séparés".

stéphane rialsLe professeur Stéphane Rials résume fidèlement la situation ainsi créée : " L'attitude du Comte de Chambord, si volontiers tournée en dérision aujourd'hui, était d'une absolue logique au regard des principes qu'il a incarné. Ce qu'il rejetait dans le drapeau tricolore, c'était la souveraineté nationale, le libéralisme, le parlementarisme et peut-être, au-delà, tout un pan de la sensibilité moderne rationaliste et anthropocentrique. Ce qu'il voulait défendre, avec le drapeau blanc, c'était une certaine idée de la monarchie paternelle et chrétienne, tempérée par l'amour et la religion plus que par tel mécanisme constitutionnel abstrait."

On voit bien, au travers de ces quelques lignes, le fossé séparant orléanistes et légitimistes. L'accession au pouvoir de Louis-Philippe 1er, fils de Philippe-Egalité et lui-même "combattant" de Valmy, fit monter sur le trône un souverain voltairien qui se voulait tout à la fois héritier de nos Rois et de la Révolution. Il espérait ainsi réaliser l'impossible mariage entre modernisme et tradition. Cette tentative donna naissance à une royauté sécularisée –la meilleure des républiques selon ses partisans tournant le dos à l'antique Pacte de Reims. Sous l'Ancien Régime, " la monarchie française s'était développée dans une atmosphère religieuse. […] La mystique propre de la royauté qui avait fait du roi le représentant de Dieu pour définir et réaliser le bien de ses peuples était d'origine religieuse, la vénération à l'égard du roi muni de la grâce de son sacre n'était qu'un reflet du sentiment religieux "

La mort du Comte de Chambord, dans l'été de 1883, laissa les légitimistes dans le désarroi. Les plus pessimistes crurent assister à la fin de la dynastie la plus prestigieuse de l'Occident, pour eux un monde s'écroulait et disparaissait à tout jamais. D'aucuns, plus réalistes et plus au fait des règles de succession, reportèrent leur fidélité sur les descendants de Philippe V d'Espagne (1683-1746), lequel, en son temps, avait promis de ne jamais oublier qu'il était du sang de France. D'autres, découragés ou mal inspirés se rangèrent sous la bannière orléaniste, faisant allégeance au comte de Paris. Certains enfin, en désespoir de cause, acceptèrent la République, d'autant que Rome reconnaissait, au moins du bout des lèvres, la légitimité de ce régime. Cette décision faillit mettre un terme définitif au combat légitimiste.

En ce début du XXIè siècle, en suivant attentivement l'évolution des dernières monarchies européennes, nous comprenons combien le fils du duc de Berry a eu raison de ne rien abandonner du principe auquel il s'était identifié. Sous les plis de l'étendard des Conventionnels son héritage aurait été dénaturé. Les monarques qui ont survécu en s'adaptant à l'idéologie dominante ne possèdent plus que les "apparences inutiles du pouvoir" la réalité étant passée en d'autres mains.

 Que penser, par exemple, du souverain espagnol qui, redevable de sa couronne général Franco, appose maintenant sa signature, sans état d'âme apparent, sur des textes gouvernementaux que ne renierait pas la République laïque et anticléricale des années trente ? Se souvient-on du roi des Belges, Beaudouin 1er qui "abdiqua" pendant 36 heures pour ne pas avoir à signer une loi dépénalisant l'avortement. Une autre plume a paraphé le document à sa place ! Et les gazettes ont loué le courage du monarque ! N'oublions-pas que dans la Communauté des vingt-sept, républiques et royaumes coexistent sans problème, l'unité se réalisant autour de l'idéologie démocratique, concept bien éloigné de la véritable monarchie.

Tout pousse à donner raison au Comte de Chambord qui, du fond de son domaine autrichien, a pressenti l'évolution inéluctable. Si elle l'avait emporté, la coterie libérale aurait imposé au roi les mêmes compromissions. Le plus sage était de réserver l'avenir en gardant intacts les principes qui ont fait la France et qui assureront demain son renouveau.

 

PIERRE VALANCONY

(Article paru dans la Blanche Hermine)