20/08/2011
In Memoriam / Gérard Saclier de la Bâtie
Gérard Saclier de la Bâtie nous a quitté
(Extrait du numéro 108 de la Gazette Royale)
Gérard Saclier de la Bâtie s’est éteint le dimanche 20 août 2006, après une longue maladie qui le tenait éloigné de nous depuis plus de dix ans. Homme de foi et de conviction, il se consacra très jeune à la diffusion de la doctrine légitimiste et ne manqua pas, sur le plan religieux, de s'engager résolument dans la résistance à la subversion qui envahit l'Eglise lors de la tourmente conciliaire.
La fidélité à sa mémoire nous commande de poursuivre son oeuvre.
Sermon prononcé aux obsèques de Gérard Saclier de la Bâtie
Bien Chers Amis, Mes Bien Chers Frères,
Le décès de Monsieur Saclier de la Bâtie nous rassemble autour de son corps. Et face à l 'événement , quantité de sentiments, de réflexions peuvent surgir à notre esprit : Pourquoi la mort ? Pourquoi la maladie ? Pourquoi la souffrance ? Quel est le but de notre vie ?
Autant de questions dont la réponse reflète l’état de notre âme face à Dieu, face à Sa sainte volonté exprimée par les décrets de la Providence. Je voudrais, cet après-midi, vous aider à vivre cette épreuve de la séparation avec les paroles de la Sainte Ecriture, Parole même de Dieu, et celles de la Mère Eglise, l’Eglise catholique, apostolique et romaine à laquelle appartient pleinement notre défunt.
Je voudrais tout d’abord vous montrer l’attitude du vieillard Job, qui était un homme, nous ditl’écrivain sacré, “intègre, craignant Dieu et éloigné du mal”. Et cet homme, fort riche, rencontra en peu de temps, par permission divine, quantité d'épreuves. Il perdit tous ses biens et tous ses enfants furent massacrés. En apprennant ces nouvelles qui broyaient son coeur, Job adora Yahweh et dit : “Dieu a donné, Dieu a repris, que le nom de Dieu soit béni”, et l'écrivain sacré continue : “En cela Job ne pécha point, et ne dit rien d’insensé contre Dieu”.
Voilà, mes Frères, le modèle de l’attitude chrétienne face au départ d’un être cher, de l’un des nôtres : la résignation aimante à la volonté divine, attitude de foi, de dignité, d’humilité. Mais, ne nous y trompons pas, mes Frères, l’acceptation de la Providence ne débouche pas sur le stoïcisme, sur l’insensibilité face à l’épreuve. Non, mes Frères, le catholique, comme tout homme, a un coeur, a une sensibilité qui souffre, mais il a la foi qui débouche sur l’espérance. Et c’est grâce à cette foi que saint Paul dans l’Epître aux Thessaloniciens (1 Tess. 4/13-18) peut nous écrire :
“Mes Frères, nous ne voulons pas que vous vous affligiez comme les autres hommes qui n’ont pas d’espérance. Car si nous croyons que Jésus est mort et qu’Il est ressuscité, nous croyons que Dieu amènera avec Jésus tout ceux qui se sont endormis avec Lui”.
Pour Lui et pour nous, la mort n’est donc pas un anéantissement comme pour l’athée, une disparition totale. Mais elle est un rappel à Dieu, un passage de la vie terrestre à l’éternité, à la vie qui ne finira jamais.Ce qui faisait dire à sainte Thérèse de Lisieux :
“La mort, c’est la vie”. C’est pour l’âme en paix avec Jésus, en état de grâce, la fixation définitive dans le bonheur éternel de l’union à Dieu. Et c’est en cela, mes Frères, que malgré votre douleur, doit résider votre espérance".
Celui qui vous a quittés, qui vous a devancés, vous le retrouverez dans l’éternité si, comme lui, vous mourez en amitié avec Dieu, en état de grâce ; si, comme lui, vous savez éclairer votre comportement humain par votre foi authentiquement catholique. N’a-t-il pas, en effet, été à l’origine des Associations Saint-Pie V et de son Comité de Coordination lorsque la tempête moderniste s’est abattue avec violence sur la liturgie, expulsant les prêtres fidèles des paroisses et abandonnant les fidèles en plein désarroi. N’a-t-il pas, encore, été, face au cancer insidieux de la Révolution, le Président fondateur de l’Union des Cercles Légitimistes de France, illustrant cette belle parole de Pie XII :
“La politique c’est, après la prédication de l’Evangile, la plus grande des charités.”
Comme pour ses héros, les Vendéens, sa ligne directrice était :
“Pour Dieu et pour le Roi”.
C’est une ligne de conduite à maintenir avec ténacité si nous voulons que le lien entre Notre Seigneur Jésus-Christ, le Roi des Rois et la France soit rétabli. Mais il y a un autre point sur lequel je voudrais m’arrêter : la mort n’est pas instantanément l’entrée au ciel, ou d’une autre façon : les bienheureux, à moins d’être morts martyrs, ou d’avoir été de grands saints, ne sont pas rentrés directement au ciel. Il y a ce lieu de purification, ce lieu de souffrance dans lequel l’âme des justes achève d’expier ses péchés avant d’entrer au ciel. Il y a le Purgatoire. Votre défunt, comme tout homme, excepté la Très Sainte Vierge Marie, votre défunt a connu l’humaine faiblesse, conséquence du péché originel, a connu le péché. Il lui faut donc, pendant un certain temps, au Purgatoire, purifier son âme des dettes dues au péché. Et c’est là, mes Frères, que le dogme de la communion des saints va trouver son application.
C’est là que votre attitude va être importante. Vous qui avez connu et aimé Monsieur Saclier de la Bâtie, vous pouvez l'aider par votre prière, par vos bonnes oeuvres, par vos pénitences, ou en faisant dire des messes. Vous pouvez l'aider à atteindre le plus rapidement possible la vision de Dieu, la vision béatifique. Car l’amour ne s’arrête pas à la mort. L’amour du prochain qui consiste à vouloir le plus grand bien pour lui, à savoir le Ciel, doit susciter en chacun d’entre vous cette générosité, ce dévouement pour l’âme de votre parent et ami. Par ma bouche, Monsieur Saclier de la Bâtie s’adresse alors à chacun d’entre vous, au plus intime de votre âme et y dépose ces paroles :
“Si vous voulez me retrouver pour l’éternité, soyez fidèles à votre baptême, soyez fidèles à votre foi catholique et à tout ce que cela implique pour Dieu et pour le Roi. Soyez fidèles à vos ancêtres. En un mot, soyez fidèles à Notre Seigneur Jésus-Christ jusqu’au bout, quoi qu’il en coûte. Je vous y aiderai”.
Oui, “Dieu amènera avec Jésus, ceux qui se sont endormis avec Jésus”.
Ainsi soit-il.
Père Jean-Marie de la Fraternité de la Transfiguration.
Chanteloup, le 23 août 2006
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12/04/2011
Le légitimisme ou la pensée royaliste traditionnelle
Après la Révolution, l’avènement de la Ire République et du Ier Empire, il y eut deux rois légitimes régnants : Louis XVIII (de 1814 à 1824) et Charles X (de 1824 à 1830). Leurs règnes furent marqués par une politique courageuse allant à l’encontre de la révolution de 89.
Après le règne de Charles X, Louis-Philippe d’Orléans usurpa le trône de France en empêchant le roi légitime (Henri V, Comte de Chambord) de succéder. Ce fut la véritable naissance du courant légitimiste qui s’opposait à l’usurpation dynastique des Orléans, et surtout à la politique libérale des grands bourgeois qui soutenaient Louis-Philippe, digne continuateur de la révolution bourgeoise de 89.
Ce courant, dit légitimiste ― parce qu’il voulait renouer avec la légitimité politique de la monarchie chrétienne ― connut un vif succès : Henri V sut rassembler les français restés fidèles à la tradition catholique et monarchique. Le mouvement légitimiste assure depuis lors l’héritage de la pensée de l’Ancienne France ; il s’oppose diamétralement à la Révolution libérale, nationaliste ou socialiste ; en cela il est le seul mouvement politique authentiquement contre-révolutionnaire parce que le seul antérieur à la Révolution ; sa devise est celle des Chouans : “Dieu et le Roi”.
Henri V, tout comme le célèbre écrivain légitimiste Antoine Blanc de Saint-Bonnet, prit toujours position dans la vie politique française contre les injustices sociales ou lorsque l’enseignement de l’Église catholique se trouvait bafoué par la fausse “monarchie” louis-philipparde. Son intervention la plus notable fut, sans doute, sa Lettre sur les Ouvriers, dans laquelle il s’opposait à l’égoïsme bourgeois qui exploitait les populations ouvrières, allant à l’encontre de la dignité qu’on doit aux créatures de Dieu. Nombre d’auteurs catholiques suivirent l’exemple de leur Prince (La Tour du Pin, Albert de Mun qui fut à l’origine de toute nôtre législation sociale,…)
Jusqu’à sa mort en 1880, Blanc de Saint-Bonnet dénoncera la démocratie, la politique du grand Capital, et le socialisme anti-chrétien.
Avec le décès d’Henri V, en 1883, le courant légitimiste, se trouva en sommeil. L’idée de monarchie avait été salie par le règne de Louis-Philippe, ce qui éloigna beaucoup de français de leurs princes (y compris ceux qui demeuraient légitimes). Mais c’est surtout le désastreux Ralliement de Léon XIII à la République qui porta le coup le plus rude au mouvement.
À partir de 1883, la flamme légitimiste se maintint pourtant malgré les obstacles : les princes (depuis Jean III jusqu’à Alphonse II puis Louis XX, l’actuel successeur légitime) rappelèrent leurs droits et devoirs à l’égard de la France. Des intellectuels, des organisations (Notamment, l’A.G.L.F. dans les années Cinquante fondée par G. Saclier de la Bâtie, à la demande de Mgr le duc d’Anjou et de Ségovie), des journaux se succédèrent : l’audience était mince, mais les principes purent ainsi se transmettre jusqu’à aujourd’hui.
Le légitimisme aujourd’hui
Après l’éclosion, dans les années 1960-70, de nombreuses associations culturelles proches des légitimistes, Gérard Saclier de la Bâtie entreprît de recréer un grand mouvement politique “royaliste-légitimiste” : ce fut la fondation de l’Union des Cercles Légitimistes de France (U.C.L.F.), à la Toussaint 1979. Ce mouvement reprend toute la tradition défendue par Henri V et le légitimisme historique : une tradition qui restaure le droit dynastique de France, et qui s’oppose aux idéologies filles de la Révolution.
Pour nous, il est clair que les institutions monarchiques sont le rempart nécessaire d’une société de Droit naturel et chrétien. Les royalistes trouvent naturellement leurs armes politiques dans un esprit opposé à celui qui défait les sociétés occidentales (attaque de la religion catholique, subversion culturelle, terrorisme d’État ou terrorisme totalitaire importé des pays ennemis de l’Occident chrétien).
Cet esprit de la monarchie chrétienne traditionnelle existe toujours : c’est lui, et lui seul, qui peut encore sauver nos sociétés minées par ces créatures révolutionnaires que sont, le socialisme délétère, le nationalisme haineux et enfin, le libéralisme individualiste dont la forme totalitaire (la technocratie asservie au grand capital) s’impose de plus en plus.
22:46 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : légitimisme, monarchie de juillet, comte de chambord, uclf, gérard saclier de la bâtie