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10/10/2011

Un continuateur méconnu de la pensée contre-révolutionnaire

Antoine_Blanc_de_Saint-Bonnet.jpgLe nom de ce philosophe ne dit aujourd'hui plus rien à personne. Qui le connaît ? Antoine Blanc de Saint-Bonnet (1815 - 1880) figure à titre d'exception dans les dictionnaires courants, et les études, à lui consacrées, sont rares. De nos jours, il n'y aurait pas un homme cultivé sur mille pour qui l'oeuvre ou la pensée, le nom même de cet écrivain éveillent une quelconque résonnance.

Dès la parution de La Restauration française, Blanc de Saint-Bonnet osait attaquer de front le phénomène révolutionnaire :

« La démocratie triomphe, et je viens combattre la démocratie. Les aristocraties sont repoussées, et je viens dire que ce sont elles qui ont crée les peuples ; les dogmes sont rejetés, et je viens dire que ce sont les dogmes qui ont crées les aristocraties et le capital, ces deux colonnes de toute civilisation. L'industrie, le crédit, les banques, les emprunts sont proclamés, et je viens dire qu'ils ruineront les peuples. Partout la fausse liberté et la révolution s'annoncent, et je viens, avec ma conscience seule, combattre la Révolution ! Fondée sur des chimères et soutenue par l'imposture, elle conduit les peuples à leur perte et l'humanité à sa fin. »

chateaubriand.jpgTout en dénouant métaphysiquement la question du mal, Blanc de Saint-Bonnet constate qu'à côté de la véritable souffrance, celle qui touche l'homme partout et toujours depuis son éviction du paradis terrestre, la société post-révolutionnaire est atteinte d'un surcroît de souffrance qu'il appelle « mauvaises tristesses » et « mauvaises douleurs ». De toutes évidence, « les hommes sont devenus plus malheureux depuis la Révolution : les rapports humains se distendent et se détériorent, notamment les liens de la famille, l'urbanité périt et la société simple agrégat d'individus esseulés, est devenue un « desert d'hommes », expression que Blanc de Saint-Bonnet emprunte à Chateaubriand, un des écrivains qui selon lui, a le mieux diagnostiqué le dépérissement psychologique de l'homme moderne. Tous ces maux ont une explication ; ils sont l'apanage de la Révolution.

« Si nous voulons connaître les raisons de nos échecs, il faut voir les choses d'un peu plus haut, dominer l'histoire et interroger les grands faits séculaires en vertu du principe que le "présent ne recueille que ce qu'a planté le passé" : "au lieu de secouer le passé comme un arbre mort, examinons bien ce qu'il porte" afin de reconstruire, à partir de la succession des faits, la chaîne historique des idées qui a abouti à cet abîme de calamités. D'ou la nécessité de faire appel à la philosophie et même à la métaphysique pour délacer le noeud du problème de cette époque boiteuse. La Révolution s'affirme par la négation. Négation de l'histoire pluriséculaire du pays qui l'a vue naître ; négation du christianisme, négation des lois naturelles : La Révolution française ne ressemble à rien de ce qu'on a déjà vu dans le passé. Jamais civilisation n'avait osé s'inscrire contre les lois de la nature humaine et rompre tout lien avec le Ciel. »

Blanc de Saint Bonnet veut mettre à nu la perversité de « La Révolution ». Qu'elle le comprenne, ou qu'elle l'ignore, celle-ci accomplit l'oeuvre du démon : l'abolition de Dieu, la destruction de l'homme, et donc de l'être, se mue en un nihilisme général. La thèse de la Révolution, c'est « la thèse de la destruction absolue », c'est « l'exercice de la mort ».