01/05/2011
L'affaire de Nancy, 31 août 1790
Le 31 août 1790, trois régiments, en tout 5 900 hommes se révoltent contre leurs officiers. Le violent combat qui eut lieu devant le poste de garde de la porte Stainville (l'actuelle Porte Désilles) fit trois cents morts et blessés. Dans les manuels scolaires "officiels" et donc de nature "révolutionnaire", il est enseigné que les soldats de la garnison de Nancy reprochent à leurs officiers une discipline sévère, puis de ne pas avoir touché la solde, ainsi ils ont emprisonné des officiers Royalistes dont le général Malseigne.... (Il n'est pas interdit aujourd'hui de s'interroger sur la motivation véritable de cette insurréction révolutionnaire)
Le Marquis de Bouillé, qui commande les troupes de la place de Metz, marche sur Nancy avec ses soldats. Vainqueur, il fait châtier les révoltés. Cet événement montra au Roy Louis XVI que des troupes en Lorraine lui étaient restées fidèles et c'est peut être d'ailleurs ce qui poussa le Roy à quitter Paris pour tenter de les rejoindre (Voir l'épisode de la fuite à Varennes).
François-Claude-Amour, Marquis de Bouillé.
Général Français. Homme d'honneur, il est connu pour son attachement à Louis XVI, au Royaume de France et par sa fidélité envers les Lois fondamentales. Gouverneur des îles du vent françaises, il combattit brillamment aux Antilles pendant la guerre d'indépendance des Etats-Unis, et enleva plusieurs îles aux Britanniques.
Revenu en France en 1783, il est nommé commandant des Trois-Evechés (Toul, Verdun, Metz), puis de l'Alsace, de la Lorraine et de la Franche-Comté. Nommé en 1790 général en chef de l'armée de Meuse, Sarre-et-Moselle, il fit respecter l'ordre et la loi à Metz et à Nancy. Il réprime la mutinerie de la garnison de Nancy en 1790 (33 condamnations à mort, 41 aux galères). Les révolutionnaires le détesteront. La Famille Royale compte sur lui pour la sauver, le charge d'organiser sa fuite le 20 juin 1791. Mais les dispositions qu'il prend vont échouer, et Louis XVI est malheureusement arrêté à Varennes. Le Marquis François-Claude-Amour de Bouillé émigre, et se réfugie à Coblentz pour organiser la Contre-révolution Catholique et Royale dans l'Est. Il fit de nombreuses démarches auprès des différentes cours pour obtenir la délivrance du Roy de France.
C'est à lui qu'il est fait référence dans le cinquième couplet de la Marseillaise...
00:01 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : affaire de nancy, marquis de bouillé, louis xvi, metz, contre-révolution
Commentaires
Du bon travail monsieur et une bonne amorce des fins fonds de la révolution..... A mettre en parallèle avec l'histoire de Martin Dauch (que j'ai publié il y a deux jours sur mon blog, décidément, les idées se croisent !).
Merci, pour ce site et cette vraie légitimité, il fait bon de vous lire monsieur.....
Écrit par : Richard | 01/05/2011
Merci pour votre article, qui a le mérite de replacer les choses dans le bon sens.
Il y a la version aussi "républicaine" présentant Désilles comme un "sacrifié" qui est à revoir. Fruit là encore de l'historiographie républicaine du XIXème siècle :
« Le lendemain, les soldats de Bouillé étaient aux portes de Nancy; des négociations s'engagèrent et semblèrent aboutir, car la plupart des mutins se résignaient. Bouillé espérait entrer dans Nancy sans effusion de sang. Déjà des officiers étaient entrés en ville et cherchaient des logements pour leurs soldats quand, en fin d'après-midi, se produisit un incident d'où sortit le drame. Des soldats [mutinés] irréductibles étaient rassemblés autour de la porte de Stainville [...]. Les soldats de Bouillé s'étaient avancés et leur faisaient face. Des officiers parlementaient. Tout à coup, un lieutenant de l'armée de Bouillé, au milieu de la confusion générale, aperçoit un officier de Nancy, le lieutenant Désilles, qui tentait de raisonner les rebelles. Il le crut menacé et donna l'ordre de tirer. Désilles fut mortellement blessé [on ne sait pas précisément par quels tirs]. Ce fut le début des combats. »
Source principale: L'Encyclopédie Illustrée de la Lorraine: L'Epoque contemporaine vol.1, par François Roth, 1992
Bien obligé de tirer conclusion que la plaque commémorative Porte Désilles prend donc largement ses "aises" avec la réalité historique (ce qui est assez fréquent avec les plaques de ce type)...
Écrit par : Charles Henri de mortalagueuse | 01/05/2011
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