26/04/2014
LES MACARONS DE NANCY
Au XVIIe siècle, deux soeurs, lassées par la cantine du couvent, mijotent une riposte sucrée. La gourmandise, péché mignon !
Voila une friandise qui se décline en diverses variante selon les provinces. A Nancy, elle se présente sous la forme d'un palet brun clair, craquelé, dur a l'extérieur et tendre a l'intérieur. Le macaron de Nancy est une histoire de bonne femme, ou plutôt de bonnes soeurs. Catherine de Vaudemont, fille du Duc Charles III de Lorraine et de Claude de France, a la vocation religieuse. Elle se retrouve a la tête de la prestigieuse abbaye de Remiremont, fondée en 620 par saint Romaric, qui regroupe une cinquantaine de chanoinesses nobles. Leur habit gris perle, garni de fourrure, et leur mantille blanche sont le signe de leur puissance et de la souplesse de leur règle. Face a ce relâchement, la pieuse Catherine de Vaudemont fonde en 1625, à Nancy, capitale du duché, l'abbaye Notre-Dame-de-la-Consolation, dont l'église donne sur la rue Saint Dizier. Dans cet établissement, la consommation de viande est prohibée. Les religieuses agrémentent leur quotidien avec des recettes sucrées. Celle du macaron aux amandes, blancs d'oeuf et sucre, remporte leurs suffrages. Il est possible que ce soit Catherine elle-même qui a introduit la recette au couvent puisque sa grand-mère Catherine de Médicis aurait apporté le maccherone d'Italie.
La tradition se perpétue lorsque les religieuses décident, en 1669, d'adopter une règle plus sévère encore, la règle bénédictine de Catherine de Bar. Née dans une famille de petite noblesse, elle est devenue mère Mectilde, prieure des bénédictines de Rambervillers. Elle institue la communauté de l'adoration perpétuelle du Saint Sacrement, à laquelle quelques couvents du nord de la France se rallient. A la fin du XVIIIe siècle, deux soeurs conversent, Marguerite-Suzanne Gaillot et Marie-Elisabeth Morlot, sont chargées de l'intendance. Survient la Révolution. Des 1790, soeur Marie de Sainte-Melanie, la fille du médecin de la communauté, retourne vivre dans sa famille. A la fermeture definitive du couvent, en 1792, les soeurs Marguerite et Elisabeth sont hébergées chez le docteur. Elles y installent un commerce de macarons et deviennent pour tous les Nancéens « les soeurs macarons» . A la mort de Marguerite, Elisabeth fait venir auprès d'Elle sa nièce et le mari de celle-ci, M Muller. Les époux abandonnent leur métier d'agriculteur a Savigny, pres de Charme (Vosges), pour devenir pâtissiers et exploiter les secrets de la recette de leur « tante bonbon ». L'établissement fonctionne toujours au 10 rue de la Hache, rebaptisée en 1952 rue des soeurs-macarons.
A table par Eric Mension-Rigau (Historia)
L ' AMANDE
Sainte Thérèse d'Avila prétendait que les amandes convenaient aux religieuses privées de viande. Elle n'avait pas tort, puisque leur teneur en protéines, vitamines et oligoéléments est remarquable. Fruit a coque originaire d'Asie centrale, l'amande gagne le Bassin méditerranéen a l'époque protohistorique. Les Grecs cultivent les amandiers, si bien que les Romains baptisent l'amande « noix grecque ». Elle est consommée sous forme de lait ou de poudre et entre dans de nombreuses préparations sucrées.
13:47 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : nancy, histoire locale, soeurs macarons, tradition culinaire, gastronomie