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14/12/2009

LA RÉVOLUTION EST UNE DOCTRINE

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Mgr Freppel va droit à l'essentiel, d'emblée, en montrant dans la Révolution française non pas une simple péripétie de l'histoire mais une doctrine :

« Il en est, à certains égards, de la Révolution française comme de la Réforme protestante du seizième siècle : l'une et l'autre constituent un mouvement d'idées qui dépasse de loin les limites d'un siècle ou d'un pays. Si tout s'était borné en 1789 et en 1793 à renverser une dynastie, à substituer une forme de gouvernement à une autre, il n'y aurait eu là qu'une de ces catastrophes dont l'histoire nous offre maint exemple. Mais la Révolution française a un tout autre caractère : elle est une doctrine, ou, si l'on aime mieux, un ensemble de doctrines, en matière religieuse, philosophique, politique et sociale. Voilà ce qui lui donne sa véritable portée ; et c'est à ces divers points de vue qu'il convient de se placer, pour la juger en elle-même et dans son influence sur les destinées de la nation française, comme aussi sur la marche générale de la civilisation. »

Car personne n'échappe à la contrainte de ces idées nouvelles qui mènent le monde : « Il est évident que pour chacun de nos contemporains la manière de voir et d'agir dépend, en grande partie, de l'idée qu'il se fait du mouvement de 1789, point de départ de l'époque actuelle. (...) »

Déjà, la conclusion se laisse deviner : « Telle est la question qu'il importe de résoudre, à la veille du centenaire de 1789, pour savoir si, loin de pouvoir être considérée comme un bienfait, la Révolution française n'est pas l'un des événements les plus funestes qui aient marqué l'histoire du genre humain. »

RÉFORMES ET RÉVOLUTION

« Le mouvement de 1789 devait être, selon le désir général, un mouvement réformateur, et il est devenu un mouvement révolutionnaire. C'est à la fois son vice et sa condamnation » explique Mgr Freppel. (...)

« Une nation, rompant brusquement avec tout son passé, faisant, à un moment donné, table rase de son gouvernement, de ses lois, de ses institutions, pour rebâtir à neuf l'édifice social, depuis la base jusqu'au sommet, sans tenir compte d'aucun droit ni d'aucune tradition ; une nation réputée la première de toutes, et venant déclarer à la face du monde entier qu'elle a fait fausse route depuis douze siècles, qu'elle s'est trompée constamment sur son génie, sur sa mission, sur ses devoirs, qu'il n'y a rien de juste ni de légitime dans ce qui a fait sa grandeur et sa gloire, que tout est à recommencer et qu'elle n'aura ni trêve ni repos tant qu'il restera debout un vestige de son histoire : non, jamais spectacle aussi étrange ne s'était offert aux regards des hommes. » (...)

La Révolution française est « une doctrine radicale, une doctrine qui est l'antithèse absolue du christianisme, de là sa fausseté manifeste, comme aussi l'importance de son rôle et de son action dans l'histoire du genre humain. »

UNE RÉVOLUTION ANTICHRÉTIENNE

« La Révolution française, écrit Mgr Freppel, est l'application du rationalisme à l'ordre civil, politique et social : voilà son caractère doctrinal, le trait qui la distingue de tous les autres changements survenus dans l'histoire des États. Ce serait s'arrêter à la surface des choses, que d'y voir une simple question de dynastie, ou de forme de gouvernement, de droits à étendre ou à restreindre pour telle ou telle catégorie de citoyens. »

La vérité est qu'il y a là « toute une conception nouvelle de la société humaine envisagée dans son origine, dans sa constitution et dans ses fins ». Il ne s'agit pas d'une simple « attaque visant à la destruction de l'Église catholique ». La Révolution veut « dans son principe comme son but, l'élimination du christianisme tout entier, de la révélation divine et de l'ordre surnaturel, pour s'en tenir uniquement à ce que ses théoriciens appellent les données de la nature et de la raison. Lisez la Déclaration des droits de l'homme, on dirait que pour cette nation chrétienne depuis quatorze siècles, le christianisme n'a jamais existé ou qu'il n'y a pas lieu d'en tenir le moindre compte. »

Et Mgr Freppel de conclure avec flamme : « C'est le règne social de Jésus-Christ qu'il s'agit de détruire et d'effacer jusqu'au moindre vestige. La Révolution, c'est la société déchristianisée ; c'est le Christ refoulé au fond de la conscience individuelle, banni de tout ce qui est public, de tout ce qui est social ; banni de l'État, qui ne cherche plus dans son autorité la consécration de la sienne propre ; banni des lois, dont sa loi n'est plus la règle souveraine ; banni de la famille, constituée en dehors de sa bénédiction ; banni de l'école, où son enseignement n'est plus l'âme de l'éducation ; banni de la science, où il n'obtient plus pour tout hommage qu'une sorte de neutralité non moins injurieuse que la contradiction ; banni de partout, si ce n'est peut-être d'un coin de l'âme où l'on consent à lui laisser un reste de domination. (...) »

Ce n'est plus en Dieu que l'on cherche « le principe et la source de l'autorité, mais dans l'homme, et dans l'homme seul. La loi n'est plus que l'expression de la volonté générale, d'une collectivité d'hommes qui décident en dernier ressort et sans recours possible à aucune autre autorité, de ce qui est juste ou injuste. Tout est livré à l'arbitraire et au caprice d'une majorité. (...) Peu importe, par conséquent, qu'on laisse le nom de l'Être suprême au frontispice de l'œuvre comme un décor ou un trompe-l'œil ; en réalité, l'homme a pris la place de Dieu, et la conséquence logique de tout le système est l'athéisme politique et social. (...)

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